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Qui de la Grèce ou de l'Allemagne va sortir de l'Euro ?

La Grèce affronte l'Allemagne ce vendredi en quarts de finale de l'Euro. La crise grecque confère à cette rencontre un enjeu particulier pour les joueurs hellènes, qui rêvent de dicter leur volonté aux Allemands le temps d'un match de football.

L'avenir économique de la Grèce se joue à Rome ce vendredi, mais c'est vers Gdansk, en Pologne, que le peuple grec aura les yeux tournés. L'équipe de football hellène affronte l'Allemagne en quart de finale de l'Euro et rêve d'une victoire de prestige face à la première puissance économique européenne, maître d'œuvre du plan de rigueur imposé à la Grèce.

C'est le charme de ces grandes compétitions internationales de football : elles offrent parfois des confrontations dont les enjeux dépassent les considérations strictement sportives. Le temps d'un match, la Grèce souhaite parvenir à inverser le rapport de force avec l'Allemagne. Ainsi, certains de ses supporters se préparent à arborer un maillot sur lequel est écrit : "Il est temps pour nous de vous sortir de l'Euro".

"C'est plus qu'un match de football, confie à FRANCE 24 le rédacteur en chef d'"Athens News", Thrasy Petropoulos. Jouer l'Allemagne, ça va être énorme, les joueurs savent exactement l'enjeu que revêt cette rencontre pour le pays tout entier. Cette rencontre va créer un élan de solidarité ici, une qualité précieuse et rare en ce moment."

"Ramenez-nous Merkel"

Côté grec, on ne craint pas de faire monter la pression autour du match. "Ramenez-nous Merkel" titrait ainsi le journal "Goal News", après la qualification surprise du pays pour les quarts de finale. Mais la chancelière allemande n'est pas du genre à se laisser démonter : elle a prévu d'assister au match à Gdansk, au risque de se faire siffler à chacune de ses apparitions sur l'écran géant du stade.

Si l'Allemagne et sa chancelière ne sont pas populaires en ce moment en Grèce, c'est que la majorité de la population les tiennent pour responsables des mesures d'austérité imposées dans le cadre du plan de sauvetage. La chef du gouvernement allemand est également accusée de se mêler d'un peu trop près des affaires internes grecques.
"L'Allemagne ne comprend pas que les petits pays n'aiment pas se faire maltraiter par les gros", explique Thrasy Petropoulos.

Les enjeux économiques et politiques entourant cette rencontre font en tous cas le bonheur de milliers d'internautes, qui multiplient les calembours à l'approche du match. "Angela Merkel va-t-elle dicter aux Grecs le nombre de buts qu'ils doivent encaisser ce soir ?", s'interroge ironiquement @Nndroit sur Twitter.

Même des hommes politiques grecs y sont allés de leur bon mot. "Le résultats du match ne fera l'objet d'aucune négociation", s'est amusé le nouveau Premier ministre Antonis Samaras, dont le principal objectif est de tenter de renégocier les termes du plan de sauvetage de l'UE à son pays.

Les blagues fusent aussi en Allemagne, où le tabloïd "Bild" titrait récemment : "Pauvres Grecs, nous vous offrons gratuitement votre prochaine banqueroute". Chez les joueurs de la Manschafft, on préfère évacuer les questions politiques. "Oublions tout ça et concentrons-nous sur le football", demandait, il y a quelques jours, l'attaquant Lars Bender en conférence de presse.

La puissance allemande

Les Grecs ont beau rêver d'une victoire face à l'Allemagne, ils ne partent pas favoris. Le parallèle avec la situation économique des deux pays est d'ailleurs frappant : la riche et puissante Allemagne possède une formation solide à la mécanique bien huilée, qui en fait l'un des prétendants au titre. La Grèce dispose, elle, d'une équipe de seconds couteaux, que personne ne voyait en quarts de finale (elle a commencé la compétition par un match nul et une défaite). En outre, elle sera privée de son meilleur joueur, Giorgos Karagounis, suspendu pour cette rencontre.

Mais les footballeurs grecs ne sont jamais aussi bons que dans l'adversité. Il y a huit ans, ils avaient emporté le titre de champion d'Europe, déjouant tous les pronostics (il faut dire qu'ils étaient entraîné à l'époque par un Allemand, Otto Rehagel). Une victoire ce soir face aux Allemands figurerait à coup sûr au panthéon des grandes victoires grecques, aux côtés du titre de 2004.