Placé sous la protection de l'ONU, l'opposant Andry Rajoelina a quitté l'ambassade de France, où il avait trouvé temporairement refuge ce mardi. L'ex-maire de la capitale vivait caché après avoir échappé à une arrestation, jeudi.
AFP - L'opposant malgache Andry Rajoelina, en conflit ouvert avec le président Marc Ravalomanana et qui vivait caché depuis plusieurs jours, a été "placé sous la protection" des Nations unies, a annoncé lundi l'ONU qui a annoncé la tenue mi-mars d'"assises" pour sortir de la crise.
"Dans le cadre des efforts pour résoudre la crise malgache, préserver la paix et la stabilité, les Nations unies ont décidé de placer M. Rajoelina sous leur protection dans une résidence diplomatique", a annoncé Tiébile Dramé, représentant de l'ONU dans la médiation malgache, dans un communiqué.
Ce communiqué a été rendu public lors d'un point de presse à Antananarivo de l'influent Conseil chrétien des églises à Madagascar (FFKM), acteur de la médiation dans la crise, de l'ONU et d'une dizaine d'ambassadeurs.
"Ces derniers jours, M. Andry Rajoelina a exprimé à plusieurs représentants de la communauté internationale ses inquiétudes sur sa sécurité", ajoute le communiqué.
M. Rajoelina, destitué début février de son poste de maire d'Antananarivo, vivait caché depuis plusieurs jours, après une tentative d'arrestation jeudi soir visant sa résidence à Antananarivo.
Un autre communiqué de M. Dramé ajoute que "le président de la République lui a promis qu'il garantissait la sécurité de M. Andry Rajoelina et de ses collaborateurs".
"Le président de la République a dit qu'ils pouvaient se déplacer librement et qu'ils ne feront pas l'objet d'arrestation", ajoute le texte.
Un communiqué du FFKM et de l'ONU annonce en outre la tenue "d'assises du 12 au 14 mars" dans la capitale malgache afin de trouver une issue à la crise.
"En se basant sur les progrès qu'elle ont réalisés, les deux délégations (représentant les camps Ravalomanana et Rajoelina) ont jugé nécessaire que l'examen des propositions de sortie de crise se poursuivent au sein d'un groupe plus élargi, constitué de représentants de toutes les forces sociales, économiques et politiques de la nation", précise le communiqué.
Les représentants de M. Ravolomanana et de M. Rajoelina, mais aussi notamment de la police, de l'armée, du secteur économique devraient participer à ces assises.
Le FFKM et l'ONU invitent "tous les acteurs publics malgaches à observer une trêve pour donner toutes les chances de succès aux prochaines assises".
Un conflit larvé entre MM. Ravalomanana et Rajoelina s'est transformé en crise ouverte mi-décembre. Depuis, M. Rajoelina a multiplié les manifestations à Antananarivo et s'est autoproclamé en charge des affaires du pays.
Une centaine de personnes sont mortes à Madagascar depuis le 26 janvier dans les violences qui ont émaillé ce conflit.
A Antananarivo, l'un des responsables de soldats mutins réunis dans le camp CAPSAT (Corps d'administration du personnel et des services de l'armée), qui dénoncent la "répression" contre les civils, a appelé lundi les forces de l'ordre du pays à rejoindre son mouvement et a nié l'existence d'une mutinerie.
Dimanche, ces mutins avaient bloqué les accès à ce camp, considéré comme le "poumon de l'armée malgache" et situé à environ six kilomètres du centre d'Antananarivo.
Envivon 5.000 partisans de l'opposition se sont rassemblés dans le calme lundi sur la place du 13-Mai, dans le centre de la capitale.
Des pillages, notamment d'un supermarché et d'une galerie marchande, ont eu lieu dans un quartier sud de la ville, provoquant des affrontements entre forces de l'ordre et pillards, selon des témoins.
Par ailleurs, 500 à 1.000 partisans de M. Ravalomanana se sont rassemblés dans le centre-ville.