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Les besoins des banques espagnoles s'élèvent à 62 milliards d'euros

Des audits indépendants ont démontré que les banques espagnoles pourraient avoir besoin au plus de 62 milliards d'euros. Une somme en deçà du montant proposé par la zone euro, soit 100 milliards, pour sauver les établissements bancaires.

AFP - Les autorités espagnoles ont dévoilé jeudi les résultats des audits indépendants réalisés sur le secteur bancaire en Espagne, qui font apparaître des besoins en capitaux allant jusqu'à 62 milliards d'euros, un chiffre bien inférieur aux 100 milliards proposés par la zone euro.

L'Eurogroupe s'est mis d'accord le 9 juin sur un plan de sauvetage des banques

espagnoles pour un montant maximum de 100 milliards d'euros.

La demande officielle d'aide européenne, d'abord attendue pendant la réunion jeudi après-midi de l'Eurogroupe à Luxembourg, sera finalement déposée "dans les jours qui viennent", avait annoncé, plus tôt dans la journée, le ministre de l'Economie Luis De Guindos.

Deux cabinets indépendants, l'Américain Oliver Wyman et l'Allemand Roland Berger, avaient été choisis pour faire un audit complet du secteur bancaire espagnol, fragilisé depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2008, ce qui permettra de chiffrer précisément la demande d'aide de l'Espagne.

Rajoy se réjouit de l'audit des banques et demande l'aide au "plus vite"

Le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, s'est réjoui jeudi au Brésil de l'audit du système bancaire en Espagne qui a montré que "les besoins en capital" seront moins élevés que prévu et a demandé que l'aide européenne soit versée "le plus rapidement possible".

Le résultat de l'audit indépendant, dévoilé jeudi, estime le besoin en recapitalisation des banques espagnoles à 62 milliards d'euros "et garantit que l'assistance financière mise à disposition par nos partenaires européens est plus que suffisante", a déclaré M. Rajoy lors d'une rencontre avec des chefs d'entreprises à Sao Paulo.

Il s'agissait d'"identifier la force du système financier espagnol face une détérioration hypothétique de la situation économique très significative et très prononcée", a expliqué au cours d'une conférence de presse le secrétaire d'Etat à l'Economie, Fernando Jiménez Latorre.

Deux scénarios ont été envisagés, l'un de base et l'autre plus dur, avec notamment une récession et une baisse des prix de l'immobilier plus intenses, avec les besoins en capitaux qui en découlent pour les banques sur une période de trois ans, jusqu'en 2014.

Le cabinet Oliver Wyman évoque un besoin de 16 à 25 milliards d'euros dans le scénario de base, puis de 51 à 62 dans le scénario le plus dur, tandis que le cabinet Roland Berger l'a chiffré à 25,6 milliards et 51,8 milliards selon les scénarios, a expliqué le gouverneur adjoint de la Banque d'Espagne, Fernando Restoy.

L'audit a concerné "14 groupes bancaires représentant 90% du système financier espagnol", a-t-il précisé.

"La prochaine étape sera la demande officielle" d'aide européenne, qui interviendra "dans les prochains jours, il faudra signer le mémorandum avec l'Union européenne dans lequel seront spécifiées les conditions et les caractéristiques du prêt", a dit Fernando Jiménez Latorre.

"Ces résultats ne permettent pas d'établir des estimations précises des besoins de chaque banque", mais "tout semble indiquer que ces besoins vont se concentrer sur les entités qui ont fait l'objet d'une intervention du Frob", le fonds public d'aide au secteur, a ajouté Fernando Restoy.

Le Frob, qui sera le destinataire de l'aide financière européenne, a annoncé en mai qu'il prenait le contrôle de Bankia, troisième banque de l'Espagne par les actifs, qui fera l'objet d'un plan de sauvetage public de 23,5 milliards d'euros, le plus coûteux de l'histoire espagnole.

Il a également placé sous tutelle d'autres banques en difficulté, comme Novagalicia, Banco de Valencia et CatalunyaCaixa. La mise en vente de ces deux dernières, pour permettre leur reprise par une autre banque, est d'ailleurs reportée, a annoncé jeudi le Frob.

Les besoins en capitaux de chaque banque espagnole seront déterminés au cours d'un deuxième audit, qui donnera un chiffre global fin juillet, puis des résultats individuels en septembre, réalisé par les cabinets Deloitte, KPMG, PwC et Ernst & Young.

"Les entités les plus faibles pourront solliciter l'aide européenne si elles présentent des plans de restructuration", a précisé Fernando Jiménez Latorre.