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Le président paraguayen visé par une procédure de destitution

La Chambre des députés du Paraguay a voté en faveur d'une procédure de destitution visant le président Fernando Lugo, accusant ce dernier d'avoir "mal rempli ses fonctions" après de violents heurts survenus le 15 juin entre policiers et paysans.

AFP - Le président du Paraguay Fernando Lugo pourrait se voir privé de sa dernière année de mandat, désormais suspendue à l'issue d'un "procès politique de destitution" validé jeudi par les députés qui l'accusent d'avoir "mal rempli ses fonctions" sur fond de querelles politiques.

Je "refuse de renoncer à mes fonctions et (me) soumets au procès politique avec

L'Union sud-américaine des Nations (UNASUR) dépêche une mission ministérielle

AFP - Les présidents de l'Union sud-américaine des Nations (Unasur) vont envoyer une mission ministérielle au Paraguay dès jeudi soir pour défendre la démocratie, a annoncé à Rio le ministre brésilien des Affaires étrangères Antonio Patriota.

Cette décision a été prise lors d'une réunion, en marge du sommet Rio+20, des chefs d'Etat et ministres du bloc sud-américain, jeudi après-midi à Rio de Janeiro, pour étudier la situation au Paraguay où le président Fernando Lugo est visé par une procédure de destitution.
 

toutes les conséquences" que cela implique, a annoncé M. Lugo, un ancien évêque de 61 ans, dans un message à la Nation jeudi.

Quelques heures plus tôt, la Chambre des députés (chambre basse) avait surpris le pays en votant en faveur d'une procédure de destitution visant le président Lugo, considérant que ce dernier avait "mal rempli ses fonctions" après des heurts sanglants survenus la semaine dernière entre policiers et paysans dans le nord-est du pays.

Cette motion, qui fait planer une sérieuse menace sur le mandat de Fernando Lugo, a été votée à une large majorité par 76 députés sur 80. Les principaux soutiens du président ont déconcerté les observateurs en se déclarant favorables à cette motion présentée par plusieurs partis. Un seul député a voté contre.

Le Parti libéral a décidé de retirer son appui au président de gauche après plusieurs désaccords politiques. Récemment, Fernando Lugo avait notamment refusé de nommer un membre de ce parti au poste clé de ministre de l'Intérieur.

"Lugo nous ignore", a assuré jeudi devant la presse le président du Parti libéral radical authentique (PLRA), Blas Llano, confirmant le passage de sa formation dans l'opposition.

De son côté, la chambre haute a immédiatement convoqué une séance plénière pour définir les modalités de ce procès politique, dans lequel les sénateurs feront office de juges.

"Nous alllons définir les délais pour que le président prenne connaissance de l'acte d'accusation et se défende", a annoncé à la presse le président du Sénat Jorge Oviedo Matto.

Dans son allocution, Fernando Lugo a dénoncé une "attaque sans pitié de secteurs qui se sont toujours opposés au changement qui vise à faire du peuple un protagoniste de sa démocratie", alors que ses partisans évoquent déjà un coup d'Etat déguisé.

Selon lui, les députés ont abandonné toute mesure et réflexion pour mener ce procès "tambour battant" et "voler la décision suprême du peuple" qui l'a élu pour un mandat de cinq ans le 20 avril 2008.

Au Brésil, les présidents de l'Union sud-américaine des nations (Unasur) devaient se réunir en marge du sommet de l'ONU Rio+20 pour analyser cette situation, a indiqué à Rio le président colombien Juan Manuel Santos.

Enrique Garcia, le procureur de la République, sera chargé de la défense du président devant le Sénat. Il a précisé à l'AFP que "le procès pourrait durer plusieurs jours, en fonction du programme établi par le Sénat".

Le Sénat, composé de 45 élus, compte 15 sénateurs de l'opposition, 12 libéraux (anciens soutiens de Lugo), 9 de l'Unace (droite), 4 du petit parti de centre-droit PPQ et 5 sénateurs pro-Lugo.

Le 15 juin dernier, une intervention policière visant à déloger des paysans d'une propriété agricole avait viré au bain de sang à Curuguaty (250 km au nord-est d'Asuncion). Le dernier bilan fait état de six membres des forces de l'ordre et 11 occupants tués dans les affrontements.

Les deux parties se sont accusées mutuellement d'avoir perpétré des exécutions sommaires pendant ces heurts.

M. Lugo, qui vient d'être soigné avec succès d'un cancer du système lymphatique, a déjà annoncé qu'il ne se représenterait pas au scrutin d'avril 2013.

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