La Chine a promis mardi, lors du sommet du G20, 43 milliards de dollars au FMI, soit 10% du fonds anti-crise. Pékin espère ainsi obtenir ce que les principaux pays émergents veulent depuis longtemps : un rôle plus important au sein du FMI.
La Chine n’a pas promis, mardi au sommet du G20 au Mexique, d’apporter 43 milliards de dollars au pot du Fonds monétaire international (FMI) pour faire plaisir à sa patronne, Christine Lagarde. Avec les autres pays des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), la Chine contribue ainsi à plus d’un dizième de l’ensemble des 456 milliards de dollars de promesse de prêts au FMI. Une somme qui doit permettre de venir au secours de pays, essentiellement européens, actuellement en crise.
“Même si la Chine en a les moyens, c’est tout de même une somme impressionnante”, reconnaît Thomas Vendryes, chercheur en économie à l’Université Paris-Sud et spécialiste de la Chine. Un montant d’autant plus conséquent que le FMI n’est pas réputé être particulièrement ouvert aux pays émergents. Pour certains, c’est même le dernier village gaulois qui s’obstine à ne pas considérer les BRIC à leur juste valeur économique. Même la “Banque mondiale a eu, entre octobre 2008 et juin 2012, un Chinois, Justin Lin Yifu, en tant qu’économiste en chef”, rappelle Thomas Vendryes.
La Chine aurait donc pris pretexte de la collecte de fonds du FMI pour se frayer un chemin à coups de dollars jusqu'au coeur de l’institution internationale. “Pékin a demandé en échange que les pays émergents aient davantage de poids lors des votes au FMI et un vrai droit de regard sur l’utilisation de l’argent”, souligne Thomas Vendryes, qui ne voit pas comment le FMI pourrait ne pas se plier aux revendications chinoises.
Le FMI plutôt que les États-Unis
La question du droit de vote des BRIC au Fonds monétaire est une vieille pomme de
Le FMI a publié, mardi, la liste complète des pays qui ont promis de prêter au fonds anti-crise de l'institution internationale et a également précisé le montant de l'effort financier pour chaque État. Voici les dix principaux bailleurs de fonds :
- Japon : 60 milliards de dollars
- Allemagne : 54,7 milliards de dollars
- Chine : 43 milliards de dollars
- France : 41 milliards de dollars
- Italie : 31 milliards de dollars
- Espagne : 19,6 milliards de dollars
- Pays-Bas : 18 milliards de dollars
- Royaume-Uni : 15 milliards de dollars
- Arabie Saoudite : 15 milliards de dollars
- Corée du Sud : 15 milliards de dollars
discorde entre les pays émergents et le duo États-Unis et Union européenne, qui a historiquement la haute main sur les décisions prises à la Banque mondiale et au FMI. “C’est dans la logique des choses que la Chine et les pays émergents voient leur importance grandir dans ces institutions”, note Mary-Françoise Renard, directrice de l’Institut d'études et de recherche sur l’économie de la Chine (IDREC).
Restait à savoir quand cette (r)évolution se mettrait en marche. “La Chine attendait d’être suffisamment sûr de sa puissance économique pour passer à l’offensive”, juge Mary-Françoise Renard. “Cette somme mise à la disposition du FMI est le signal que Pékin s’estime prête à assumer son rôle dans les affaires mondiales”, renchérit Thomas Vendryes.
Pour cet économiste, si la Chine n’a aucun intérêt à voir l’Europe - son premier partenaire commercial - sombrer, elle a surtout voulu signifier qu’“actuellement, les BRIC sont le seul ensemble de pays à pouvoir décider de concert de mettre une forte somme d’argent sur la table”.
Mais c’est aussi une manière pour la Chine de soutenir le FMI dans son rôle de premier pompier économique du monde. “Pékin, qui a suffisament de problèmes économiques à régler à l’intérieur de ses frontières n’est pas encore prête à endosser le costume de super-puissance vers qui les autres pays se tourneraient en cas de besoin”, affirme Mary-Françoise Renard.
En soutenant ainsi le FMI, les Chinois prennent aussi acte du déclin américain. Les problèmes de la première puissance économique mondiale ont laissé un vide que Pékin pousse - avec son chèque - le FMI à combler.