Trois jours après le décès du prince héritier Nayef ben Abdel Aziz, le prince Salmane a été désigné ce lundi pour lui succéder. Il sera également vice-Premier ministre et conservera son poste de ministre de la Défense.
REUTERS - Le prince Salman, ministre saoudien de la Défense, a été désigné héritier du trône moins de 24 heures après les obsèques du prince Nayef, décédé samedi, selon un décret royal cité lundi par la télévision publique.
Agé de 76 ans, il est en outre promu vice-Premier ministre et conservera le portefeuille de la Défense. Son plus jeune frère, le prince Ahmed ben Abdelaziz, a quant à lui été nommé ministre de l'Intérieur, fonction que Nayef exerçait depuis 1975, précise-t-elle.
Il était lui-même vice-ministre de l'Intérieur depuis de nombreuses années. Le roi Abdallah, 89 ans, reste chef du gouvernement. Il disposait d'un mois pour désigner le successeur de Nayef, mais la situation exigeait une décision rapide.
Au cours des 37 ans qu'il a passés à l'Intérieur, Nayef a mis en place des services de sécurité d'une rare efficacité, qui sont notamment venus à bout de la menace intérieure d'Al Qaïda et restent un maillon essentiel de la lutte antiterroriste à l'échelle mondiale, comme de la stabilité d'une monarchie qui ne tolère aucune dissidence.
Les princes Salman et Ahmed vont devoir faire face à de multiples défis, aussi bien dans le royaume qu'à l'extérieur.
Al Qaïda dans la péninsule Arabique (Aqpa), aile yéménite de la nébuleuse islamiste qui a tiré parti de la crise politique, reste une menace importante à la frontière sud.
Ryad soupçonne en outre l'Iran d'encourager la contestation au sein de la minorité chiite saoudienne et le conflit syrien reste une source de tensions importante avec Téhéran.
Continuité
Si l'Arabie saoudite a été épargnée, le "printemps arabe" a en revanche semé le trouble à ses portes, en particulier au Yémen, et à Bahreïn où les troupes saoudiennes sont intervenues pour rétablir l'ordre.
Plus loin, l'Egypte est toujours en effervescence, près d'un an et demi après la démission d'Hosni Moubarak, et la "révolution du Nil" a ouvert la voie à des Frères musulmans que la monarchie wahhabite voit d'un œil soupçonneux.
Salman, demi-frère du souverain et frère de Nayef, va probablement reprendre à son compte son prudent programme de réformes économiques et sociales.
"Salman va devoir essayer d'accroître son influence auprès des autorités religieuses", souligne Michael Stephens, chercheur au Royal United Services Institute du Qatar.
"Il va devoir prendre position sur les sujets liés à la sécurité régionale et sur les initiatives diplomatiques", ajoute-t-il.
Aucun changement n'est à attendre en matière de politique énergétique de la part du royaume wahhabite, premier exportateur mondial de pétrole.
Ryad restera en outre un allié fidèle de Washington et des autres Etats du monde arabo-musulman majoritairement sunnite.
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