logo

La victoire de la Nouvelle Démocratie aux législatives de dimanche donne à la Grèce un sursis au sein de la zone euro. Mais la tâche sera ardue pour le futur gouvernement de coalition, alors que Bruxelles refuse de desserrer l’étau de l’austérité.

Le 6 mai dernier, lors d’élections législatives couperet, les Grecs exprimaient un vote sanction à l’encontre des deux partis traditionnels du paysage politique hellénique, la Nouvelle Démocratie et du Pasok. Ces deux formations payaient ainsi les divers plans de rigueur imposés aux grecs depuis près de deux ans.

Antonis Samaras souhaite la formation "immédiate" d'un gouvernement

Le leader de Nouvelle-Démocratie a lancé lundi des consultations pour la formation qu'il espère "immédiate" d'un gouvernement d'union nationale

"Le consensus national est un impératif réclamé par tout le monde, il faut résoudre la question (de la formation d'un gouvernement) immédiatement", a dit M. Samaras, vainqueur des législatives de dimanche mais sans majorité absolue.

Le chef de l'Etat, Carolos Papoulias lui a confié en mi-journée un mandat "exploratoire" de trois jours pour former un cabinet d'union qu'il estime "impératif" dès lundi, et entamer des contacts avec les autres partis.

(Source AFP)
 

Six semaines et de nombreuses tractations plus tard, les urnes livrent un nouveau verdict. Avec près de 30 % des suffrages, la Nouvelle Démocratie (ND) d’Antonis Samaras, parti de la droite conservatrice et pro-austérité, s’est vu confier la délicate mission de redresser la Grèce tout en la préservant d’une sortie de la zone euro.
 

Samaras a cette fois les moyens de former un gouvernement de coalition pro-euro, en rassemblant derrière la ND l’ensemble des partis pro-européens. Et il souhaite y parvenir dès ce lundi. Si les tractations avec le Pasok – le grand perdant du scrutin avec 13,2 % des suffrages – aboutissent à la formation d’un nouveau gouvernement, la coalition parlementaire disposera de 162 sièges au Parlement, qui en compte 300.
 
Une majorité qui exprime "un changement d’attitude des Grecs", explique Ilios Yannakakis à FRANCE 24. Pour cet historien et spécialiste de la Grèce, ces résultats viennent confirmer une "sortie de crise", même si celui-ci reconnaît que le pays "a encore l’estomac lourd et les jambes fragiles".
 
Le vote de dimanche a été dominé par l’inquiétude, explique la correspondante de FRANCE 24 à Athènes, Alexia Kefalas : "[Les Grecs] sont allés voter dans une ambiance très morose, sans réelle conviction, avec la peur au ventre. La peur de l’incertitude, la peur de sortir de la zone euro et ça se ressent, ce matin, non seulement dans la presse, dans les reportages, mais aussi dans les rues d’Athènes. Ils attendent de voir ce qui va se passer car d’autres mesures d’austérité sont attendues."
 
Un "ouf" de soulagement
Les Grecs ont donc opté pour la continuité. À l’étranger, les différents acteurs du dossier grec n’ont d’ailleurs pas caché leur soulagement à l’issue du scrutin du 17 juin.
 
Le président de l’Union européenne, Herman Van Rompuy, qui appelé le pays à tenir ses engagements, a ainsi réaffirmé que la zone euro continuerait "à soutenir la Grèce", tout en affichant son bon "espoir que les résultats de l'élection permettront qu'un gouvernement soit formé rapidement".
 
Le FMI a également annoncé qu’il acceptait de reprendre les négociations avec la Grèce. Celles-ci avaient été gelées à l’issue du premier scrutin législatif, au début du mois de mai.
Les États-Unis ont également fait part de leur espoir de voir naître un "gouvernement qui puisse faire des progrès opportuns sur les défis économiques auxquels fait face le peuple grec".
 
Face à l’intransigeance allemande

En Allemagne, c’est un couac qui a accueilli les résultats du scrutin. Dimanche soir, le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle avait envisagé d’ouvrir des discussions sur les "délais nécessaires à la mise en œuvre des réformes en Grèce",

Une sortie rapidement rectifiée par le porte-parole du gouvernement, Georg Streiter, qui a totalement écarté une telle hypothèse. "Il est primordial que la troïka soit persuadée que la Grèce tiendra ses engagements et mettra pleinement en œuvre les réformes convenues. Ce n'est pas le moment d'accorder quelque remise que ce soit à la Grèce. […] Nous nous en tenons à ce qui a été convenu", a-t-il expliqué.

Entre deux feux
La position allemande constitue une vraie mauvaise nouvelle pour Samaras, qui avait fait de la renégociation des termes du plan d’austérité imposé par Bruxelles l’un de ses thèmes de campagne.
 
Il souhaitait renégocier les délais et obtenir une rallonge de deux ans sur l’application des réformes budgétaires du "mémorandum" de l’Europe, soit jusqu’à fin 2016. Un défi qui apparaît aujourd’hui compliqué à relever.
 
Les 71 députés du parti de la gauche radicale Syriza, nouvelle force d’opposition du pays ouvertement anti-austérité, ne manqueront en tout cas pas de le rappeler à ses engagements. Si son leader Alexis Tsipras a reconnu sa courte défaite, il a par ailleurs refusé de participer à toute coalition, présentant Syriza comme étant "désormais le principal parti d'opposition".