
Pour la première fois, le pays dirigé par Hugo Chavez devance l’Arabie saoudite en terme de réserves pétrolières. Une abondance qui ne fait toutefois pas du Venezuela le nouveau roi de l’or noir...
Le Venezuela vient d’être sacré nouveau roi du pétrole... pour ses réserves d'or noir. Pour la première fois, en effet, l’État sud-américain a dépassé l’Arabie saoudite en terme de réserves avérées, comme le révèle le rapport annuel de BP sur les ressources énergétiques, paru jeudi 14 juin.
Cliquez pour voir la carte
Au final, certes, seuls quelque 30 milliards de barrils séparent les deux pays (296,5 milliards de barrils pour le Venezuela, contre 264,5 milliards pour l’Arabie saoudite). Mais cette différence représente la première confirmation chiffrée des affirmations du président vénézuélien Hugo Chavez, qui “soutient depuis longtemps que ses réserves de pétrole sont bien supérieures aux estimations”, rappelle Céline Antonin, spécialiste des questions énergétiques à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
BP souligne qu’il n’y a, pourtant, eu aucune découverte majeure de nouveaux gisements pétroliers au Venezuela. C’est encore et toujours le bassin de l’Orénoque, vaste région de l’Amazonie vénézuélienne, qui vaut au pays cette flambée de 40 % de ses réserves en un an. Poussées à trouver toujours plus de pétrole par la hausse du prix du brut, les majors ont multiplié les prospections dans la région amazonienne, confirmant, à l'arrivée, que l'Orénoque était bien l'une des régions les plus riches du monde en or noir.
Pour le pétrole cher
Mais ces immenses réserves ne font pas d’Hugo Chavez le nouveau "JR" de l’or noir mondial. “Le pétrole vénézuélien est plus difficile à raffiner et de moins bonne qualité que celui qu’on trouve en Arabie saoudite”, tempère Céline Antonin. Il est, en effet, plus lourd (rapport entre la densité de pétrole et l’eau) et plus riche en soufre que son homologue saoudien. Du coup, les coûts d’extraction et de raffinage sont bien plus élevés...
Au Venezuela, il faut compter environ 90 dollars pour extraire un baril, contre 12 à 15 dollars en Arabie saoudite. “Hugo Chavez a donc tout intérêt à ce que le prix du pétrole reste supérieur à 100 dollars, sans quoi les grands groupes pétroliers n’ont pas d’incitation financière à chercher du pétrole au Venezuela”, souligne encore Céline Antonin.
Cette dépendance à l’extérieur et la qualité inférieure du pétrole vénézuélien font que ce chamboulement de la hiérarchie des États dans le classement BP n’a “aucun impact” sur le rapport de force entre pays producteurs, a jugé jeudi sur la chaîne américaine CNBC Ed Morse, patron de l’institut d’analyse des marchés énergétiques de la banque Citigroup. La légèreté et la qualité du brut saoudien permettent, en fait, au royaume wahhabite de garder la haute main sur le marché mondial du pétrole. Mais Céline Antonin estime qu’il faut dépasser le simple cadre vénézuélien : “C’est une nouvelle importante, surtout pour tous ceux qui craignent le pic pétrolier”. Elle donne surtout un argument à ceux qui affirment que l'épuisement des réserves n'est pas encore pour demain...