Le Premier ministre israélien est accusé par le "contrôleur de l'État" hébreu d'avoir ordonné, sans concertation, l'attaque en mai 2010 du navire "Mavi Marmara", provoquant la mort de neuf militants qui voulaient forcer le blocus de Gaza.
REUTERS - Un rapport officiel du « contrôleur de l’Etat » israélien critique un manque de concertation dans le processus de décision qui a conduit en mai 2010 à l’attaque par la marine israélienne du navire turc « Mavi Marmara », qui voulait forcer le blocus de Gaza.
Neuf militants turcs pro-Palestiniens ont péri dans cette opération qui a porté un coup sévère aux relations jusqu’alors cordiales entre Ankara et l’Etat hébreu.
Selon le rapport de 158 pages du contrôleur MichaLindenstrauss, « le processus de décision par le Premier ministre (Benjamin Netanyahu) a été mené sans concertation ordonnée, coordonnée et attestée ».
Les consultations sur l’attitude à adopter vis-à-vis du « Mavi Marmara », ajoute Micha Lindenstrauss, se sont largement limitées à des discussions bilatérales entre Benjamin Netanyahu d’une part, le ministre de la Défense, Ehud Barak, et celui des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, de l’autre.
Le cabinet de sécurité, que le chef du gouvernement doit consulter avant toute opération militaire d’importance, ne s’est réuni que cinq jours avant l’assaut. Ses membres « n’étaient pas au courant de l’objet du débat et n’ont pas eu assez de temps pour le préparer », ajoute le document.
Toutefois, poursuit le rapport, « le fait que le processus de décision ait présenté des failles ne signifie pas que l’issue (de l’opération) aurait pu être différente ».
« Mais nous considérons que nous devons, à partir de cet exemple, tirer des leçons (...) sur le processus de prise de décision en cas de futurs incidents - et pas nécessairement dans le seul cas d’une nouvelle flottille » qui chercherait à gagner Gaza.
« Niveau de sécurité »
Répondant à ces critiques, les services du Premier ministre ont souligné dans un communiqué que les Israéliens « jouissent d’un niveau de sécurité qui n’avait pas été atteint depuis de nombreuses années ». Ils ajoutent que la concertation sur les questions de sécurité « n’a jamais été aussi étendue et approfondie que ces trois dernières années ».
Dans un autre communiqué, le conseiller de Netanyahu pour la sécurité nationale, Yaakov Amidror, semble faire allusion au dossier iranien. « Nous faisons face aujourd’hui à des questions bien plus importantes sur la scène internationale », dit-il, « et le processus de prise de décision s’est beaucoup amélioré ».
Israël craint que l’Iran ne cherche à se doter de l’arme nucléaire et les rumeurs se sont multipliées ces derniers mois sur une possible attaque israélienne contre la République islamique.
Des généraux et des responsables des services de renseignement israéliens à la retraite ont mis en garde récemment contre une telle opération, critiquant le chef du gouvernement et son ministre de la Défense.
Le rapport des Nations unies sur le raid contre le « Mavi Marmara », publié en septembre dernier, a jugé légal le blocus de l’enclave palestinienne mais a condamné l’assaut mené par les commandos israéliens. Il estime que la force utilisée par l’armée israélienne a été « excessive et déraisonnable ».