logo

La justice française réclame les vidéos qu'aurait filmées Merah le jour de sa mort

Le parquet de Paris a demandé mardi 12 juin la communication des enregistrements vidéo cités dans la plainte pour meurtre déposée la veille par le père du "tueur au scooter" Mohamed Merah et visant implicitement la police française.

Au lendemain de la plainte pour "meurtre avec circonstances aggravantes" déposée le 11 juin par le père de Mohamed Merah, le Parquet de Paris a demandé à ce que lui soient remis les vidéos qu’aurait filmées Mohamed Merah le jour de sa mort. Deux enregistrements que détiendraient les avocates du père du "tueur au scooter" et dont un journal algérien a affirmé avoir eu connaissance.

Me Zahia Mokhtari et Me Isabelle Coutant-Peyre, chargées de défendre Mohamed Benalel Merah, avaient, en effet, multiplié ces derniers mois les déclarations auprès des médias, affirmant disposer d’éléments prouvant "l’exécution" de l’auteur des tueries de Toulouse et Montauban. Il s’agirait, selon Me Coutant-Peyre, d’images tournées avec un téléphone portable qu’aurait eu en sa possession Mohamed Merah.

Des documents explosifs donc, que Me Mokhtari s’est déclarée prête à remettre à la justice française, une fois qu'elle recevra la demande du parquet de Paris. "Je n'ai reçu aucune correspondance officielle me demandant de remettre les vidéos. Je suis arrivée hier (mardi) à Alger et vais reprendre ce matin (mercredi) mes activités", a indiqué Me Mokhtari par téléphone à l’AFP avant d’ajouter : "Mais je vais me déplacer pour remettre une copie de ces vidéos à la justice française."

Les étranges vidéos de Mohamed Merah

Lundi 11 juin, le journal algérien "Echorouk", un quotidien populaire, avait prétendu en avoir pris connaissance et avait publié le jour même leur retranscription sur son site internet, alimentant de fait les rumeurs de potentielles accointances entre l’islamiste et le Renseignement français.

"Allô Mohamed, sors et rends toi, personne ne te fera de mal, tu me connais et tu connais ma parole…", peut-on lire. "Va au diable espèce de traître, pourquoi voulez-vous me tuer aujourd’hui, qu’ai-je fait ? Je n’ai rien fait, je n’ai tué personne. C’est toi qui m’as emmené dans cette situation et je ne te le pardonnerai pas", aurait répondu Merah à son interlocuteur, un certain "Jossier ". "Tu m’as envoyé en Irak, au Pakistan et en Syrie pour aider les musulmans et ensuite tu apparais comme un criminel et capitaine dans les renseignements, je ne te pensais pas comme ça, jamais !".

Une possible fuite de la DCRI ?

La manière dont Merah, encerclé par les forces de police, aurait pu transmettre ces vidéos à une tierce personne demeure inexpliquée.

"Il est possible qu’au sein de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur), une personne ait pu faire fuiter les enregistrements et les transmettre via plusieurs intermédiaires aux deux avocates du père de Merah. Il y a un tel manque de consensus sur la gestion de cette affaire, de tels règlements de compte… L’un d’eux a pu penser ‘j’ai un coup à jouer avec ces enregistrements…’", lâche un islamologue réputé et expert en géopolitique qui a accepté de répondre – sous couvert d’anonymat – à FRANCE 24. Pour l'expert, l'existence de ces vidéos n'a donc rien de chimérique.

Quant à savoir comment un journal algérien les aurait récupérées et publiées, l’expert n’a aucun doute. "Me Mokhtari est algérienne. Elle est sûrement téléguidée par les renseignements algériens. Transmettre ces données n’a rien de compliqué. Maintenant, vous dire pourquoi Alger, qui contrôle de près les organes de presse, avait intérêt à les publier, c’est un autre débat et je n’en sais strictement rien." Contactée par la rédaction, la DCRI n'a pas souhaité faire de commentaires.