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Henrique Capriles, l'homme qui peut faire tomber Hugo Chavez

Choisi pour être le candidat unique de l'opposition, Henrique Capriles affrontera Hugo Chavez lors de la présidentielle du 7 octobre. Mais le président sortant reste populaire et il semble que seul son état de santé pourrait l'écarter du pouvoir.

Il est jeune, en bonne santé et affrontera Hugo Chavez, au pouvoir depuis 1998, lors de l'élection présidentielle du 7 octobre.  Henrique Capriles Radonski a en effet été choisi, lors d'une élection primaire ouverte à tous les Vénézuéliens, pour être le candidat de la Table de l'unité démocratique (MUD - Mesa de la unidad democratica), une coalition qui regroupe plusieurs partis d'opposition qui se sont unis derrière un unique candidat pour battre le président sortant Hugo Chavez. Dimanche 10 juin, Henrique Capriles a officiellement lancé sa campagne électorale devant des dizaines de milliers de partisans venus l’encourager. "Je veux être le président de tous les Vénézuéliens, pas celui d’un parti unique", a clamé à Caracas le leader du parti centriste Justice d’abord (Primero Justicia), vêtu de sa chemise aux couleurs du Venezuela.

Son discours appelle au rassemblement quand celui du président Chavez divise. Henrique Capriles défend une vision proche de celle de Lula, l’ancien président du Brésil, en faisant la promotion de politiques favorables aux entreprises tout en voulant financer des programmes sociaux dispendieux.

"Le cheval fougueux" n'est plus ce qu'il était

Au-delà de leur discours, c’est aussi le profil des candidats qui les distingue. À 39 ans, Henrique Capriles apparaît comme un jeune cadre dynamique à l’allure sportive qui multiplie les déplacements dans les bidonvilles du pays pour séduire les plus démunis, un électorat souvent acquis au Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV, au pouvoir). Face à lui, le président Chavez, habituellement omniprésent, se fait de plus en plus discret et peine à faire campagne. Après deux opérations en un an pour vaincre son cancer, il avoue lui-même ne plus être aujourd'hui "le cheval fougueux" qui était capable de parler des heures durant et se faisait fort de répondre en personne à toutes les sollicitations.

À en croire les sondages, dont les résultats restent largement fluctuants, Henrique Capriles reste pourtant à la traîne derrière son rival. Certaines études d’opinion mises en avant par le gouvernement donnent une avance de plus de 20 points à Hugo Chavez, tandis que d'autres sondages affichent une avance de cinq points seulement pour le président sortant.

Les observateurs restent réservés sur l’issue de cette course à la présidentielle dominée par l'état de santé du président. "Les chances pour Capriles de s’installer dans le Palais présidentiel ne dépendent pas du candidat lui-même mais plutôt de l’état de santé de son adversaire, affirme Janette Habel, professeure à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine (IHEAL). Tant que Chavez est en état de faire campagne, l’inexpérimenté Capriles n’a quasiment aucune chance de gagner face à un président toujours aussi populaire."

Ombre au tableau

Le président ne semble toutefois pas minimiser le danger de la candidature de celui qui incarne, selon François-Xavier Freland, le correspondant de RFI à Caracas, "son pire ennemi". Connu pour sa position pro-palestinienne, Hugo Chavez ne se prive d’ailleurs pas de lancer de lourdes attaques contre son adversaire, petit-fils de déportés juifs polonais, en le traitant de "médiocre" ou même de "porc".

Mais l'état de santé du président sortant sera le véritable arbitre de l'élection. Si Hugo Chavez est amené à se retirer, Henrique Capriles pourrait gagner la partie. D'une part, comme le souligne Janette Habel, il existe peu de personnalités charismatiques dans le camp chaviste.  D'autre part, Henrique Capriles, peu connu il y a encore quelques mois, "a l’avantage", selon François-Xavier Freland, auteur de "Qui veut la peau d'Hugo Chavez ?", d’avoir été élu en février pour incarner "à lui seul le candidat de l’opposition".

Depuis, cet avocat de formation issue d'une famille bourgeoise de Caracas a quitté son poste de gouverneur du riche État de Miranda pour se consacrer à sa campagne et attire "de plus en plus de sympathisants", précise le journaliste. "C’est un communicant qui n’a rien à envier à Hugo Chavez et il sait très bien utiliser les médias pour montrer une certaine proximité avec le peuple", analyse-t-il. Seule ombre au tableau pour Henrique Capriles : il est accusé par le gouvernement d'avoir participé à un assaut contre l'ambassade cubaine lors du coup d'Etat contre Hugo Chávez en avril 2002.