, envoyé spécial au Maroc – Alexandre Foulon est l’un des candidats indépendants en lice dans la 9e circonscription des Français de l’étranger. Avec peu de moyens, il mène une campagne artisanale grâce à ses connaissances en informatique et son côté débrouillard.
Faire campagne pour les législatives n’est pas chose aisée quand on ne dispose pas d’un parti puissant pour assurer la logistique et le financement de la campagne. Ca l’est encore davantage quand on se présente dans une circonscription de plusieurs millions de kilomètres carrés.
Mais il en faut plus pour décourager Alexandre Foulon, qui se présente comme candidat indépendant dans la 9e circonscription des Français de l’étranger, une zone immense qui s’étale sur 16 pays du Maghreb et de l’Afrique de l’ouest.
Ce jeune consultant de 29 ans s’est lancé seul dans la bataille des législatives, "pour tenter de convaincre les électeurs de gauche qui ne se reconnaissent pas dans les autres partis".
Une campagne à 1 500 euros
Depuis sept ans qu’il a quitté la France, il est passé par le Mali, le Sénégal puis le Nigeria. Il vit désormais entre Abidjan et Casablanca, où il mène "une campagne artisanale".
"Jusqu’ici, j’ai déboursé 1 500 euros de ma poche, entre l’aller retour à Paris pour déposer ma candidature, la campagne d’emailing - 50 000 courriers électroniques envoyés pour 170 euros -, et l’impression des bulletins de vote."
Surtout, le candidat "trans-gauche", qui a milité un temps à ATTAC, doit tout faire lui-même, ne disposant ni de directeur de campagne, ni d’une cellule en charge de sa communication. "J’ai monté moi-même mon site Internet sur une plateforme de blog gratuite et j’ai rédigé l’intégralité des textes qui y sont présentés."
Il appelle régulièrement ses nombreux amis résidant dans les pays de la circonscription afin qu’ils parlent de lui à leurs connaissances. Mais sa campagne s’est encore un peu corsée depuis qu’il s’est fait voler son Iphone dans les rues de Casablanca. "Pour une fois que je m’achetais un smartphone", glisse-t-il, dépité.
Privé de débat
Dans la 9e circonscription des Français de l’étranger, ils sont 14 candidats, à briguer un poste de député, mais seuls les plus grands candidats bénéficient d’une exposition médiatique conséquente. "Je n’ai même pas participé au débat qui s’est tenu mercredi 30 mai à Casablanca. Les organisateurs ont oublié de m’inviter…"
Il aurait pourtant voulu exposer ses vues sur des sujets peu abordés par les autres prétendants.
"Je voudrais que ce premier scrutin pour les Français de l’étranger puisse servir de tribune aux questions internationales et pas simplement aux petits problèmes de fiscalité et d’école française rabattus lors de la campagne."
Dans son programme, il milite pour accorder le droit de vote aux étrangers vivant en France à toutes les élections et demande la fermeture de l’ensemble des bases militaires françaises en Afrique, "véritable épine dans l’indépendance des pays africains". "Ca me vaut régulièrement des emails d’insultes de gens m’accusant d’être anti-français".
Et quand on lui demande s’il espère se qualifier pour le second tour, il se contente de sourire, avant de lâcher "je veux juste savoir combien de Français ont les mêmes priorités que moi".