
Dans la première circonscription de Charente-Maritime, Ségolène Royal, investie par le PS, doit composer avec la candidature d'Olivier Falorni, exclu du PS, qui refuse de lui céder sa place.
Il souffle comme une odeur de rose un peu fanée… Dans le camp PS, à La Rochelle, l’harmonie socialiste s’est quelque peu fissurée. L’euphorie du retour de la gauche au pouvoir après dix-sept années d’absence n’y change rien : la bataille électorale entre Ségolène Royal et Olivier Falorni, tous deux prétendant au siège de député dans la première circonscription de Charente-Maritime, bat son plein.
Il faut dire qu’en décidant de quitter le département des Deux-Sèvres, dont elle fut députée de 1988 à 2007, pour se présenter dans cette circonscription de bord de mer toute acquise à la gauche, Ségolène Royal a quelque peu "doublé" Olivier Falorni, ex-premier secrétaire fédéral, adjoint au maire de la Rochelle et mandataire de François Hollande lors de la primaire socialiste.
L’homme, un enseignant de 40 ans, choisi par un vote militant local, n’a pas vraiment digéré ce mini-parachutage de l’ex-compagne du président investie par les hautes instances "nationales". "Ce n'est pas un appareil parisien qui décidera qui doit être député à La Rochelle mais les électeurs. Je suis hermétique aux pressions, aux menaces. Pour moi le PS, en tout cas la gauche, c'est d'abord la démocratie. J'ai envie de défendre une gauche ouverte, respectueuse de tout le monde", déclarait-il récemment.
Prié de ne pas utiliser le symbole de la rose et du poing
Mais son entêtement lui coûte aujourd’hui très cher. Exclu du Parti socialiste, sommé de retirer de son site internet une photo le montrant avec François Hollande, contraint de supprimer la mention "majorité présidentielle" de ses tracts, le "petit" candidat désormais étiqueté divers gauche est aujourd’hui traité comme un paria. Autre preuve de sa disgrâce politique, Falorni est prié de s’abstenir d’utiliser les symboles de la rose et du poing pendant sa campagne.
Pour Emmanuel Arcobelli, à la tête de la fédération socialiste de la ville, l’enseignant savait à quoi s’attendre. "Il connaissait les règles du jeu. Lorsque l’on devient dissident, l’exclusion officielle est plus ou moins automatique", justifie-t-il auprès de FRANCE 24. Selon lui, Ségolène Royal est une candidate légitime. "Le mot parachutage est un peu exagéré. Elle connaît bien la région, elle en est la présidente", ajoute-t-il.
Reste à savoir si ce duel risque de faire perdre au PS la précieuse circonscription. Apparemment pas, si l’on en croit le dernier sondage Ifop à paraître vendredi 1er juin dans le quotidien régional Sud-Ouest. Sans grande surprise, la présidente de la région Poitou-Charentes obtiendrait 33 % des intentions de vote, plus que le candidat dissident crédité de 26 %. L’homme qui a royalement dit "non" devrait s’en sortir avec les honneurs.