En mauvaise posture dans les sondages, François Bayrou, le président du MoDem, député des Pyrénées-Atlantiques depuis 1986, risque de perdre son précieux siège à l'Assemblée nationale. Il serait battu au second tour par la candidate socialiste.
Au Parti socialiste, on ne s’émeut pas vraiment du sort de François Bayrou, donné perdant dans sa circonscription de Pau (Pyrénées-Atlantiques), derrière la candidate socialiste (PS) Nathalie Chabanne. Le ralliement tardif du président du MoDem au second tour de la présidentielle au candidat PS François Hollande n'y aura rien fait : le parti au pouvoir a décidé, malgré la main tendue du centriste, de maintenir la candidature de son poulain de la 2e circonscription du département.
Il faut dire que selon un sondage Opinionway Fiducial pour Le Figaro/LCI publié jeudi 24 mai, la socialiste aurait toutes les chances de gagner le second tour face à son adversaire centriste quel que soit le cas de figure, duel ou triangulaire.
"Il ne mérite pas ça"
Alors, pour sauver son siège qu’il occupe depuis 1986, le président du MoDem devra mettre les bouchées doubles dans la ville de ses origines, où six des sept cantons sont détenus par des conseillers généraux de gauche. Et la bataille s’annonce épique. Outre Nathalie Chabanne, le Béarnais devra également se mesurer à Éric Saubatte, candidat UMP, qui n’a cessé de répéter à qui veut l’entendre que "l’électorat ne lui pardonnera pas sa prise de position, fût-elle personnelle, pour François Hollande". Ses propres troupes, en effet, ne lui auraient pas pardonné, aux dires des analystes, son rattachement au socialiste.
Concurrencé à droite comme à gauche, François Bayrou ne baisse pourtant pas les bras. De mairies en mairies, de poignées de main en poignées de main, le candidat espère se démarquer en misant sur ses plus précieux atouts : son ancrage local, sa sympathie et son "authenticité". "Les Béarnais savent qui je suis. Les électeurs savent que je n'ai jamais quitté le pays et que je ne le quitterai jamais", explique-t-il. L’argumentaire suffira-t-il ?
À Pau, en tout cas, quelque soit son camp politique, on s’émeut de la potentielle éviction de François Bayrou de l’Assemblée nationale. "Il fait complètement partie du paysage politique de la commune", insiste la responsable d’un bar-tabac de la ville, joint par FRANCE 24. "Le voir partir me fera vraiment quelque chose, il ne mérite pas ça", ajoute-t-elle. Certains Palois, à son instar, ont espéré le désistement de Nathalie Chabanne, par "courtoisie", par "remerciement" de son soutien au PS le 6 mai dernier. Seule Marine, une étudiante paloise, estime que François Bayrou récolte ce qu’il a semé. "On ne l’a pas beaucoup vu par ici ces derniers temps. Il était tellement hypnotisé par les sommets de l’État qu’il a un peu mis Pau de côté. Tant pis pour lui".