Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a entamé ce mardi des consultations avec syndicats et patronat afin de préparer la conférence sociale de juillet qui doit permettre de lancer les premiers grandes réformes du quinquennat.
AFP - Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a lancé mardi la première étape de ses consultations en vue des réformes sociales du quinquennat, sur fond de craintes de multiplication de plans sociaux, alors que syndicats et patronat exercent tour à tour des pressions opposées.
M. Ayrault, entouré par quatre ministres, Michel Sapin (Travail), Marisol Touraine (Affaires sociales), Arnaud Montebourg (Redressement productif) et Marylise Lebranchu (Fonction publique), a reçu durant une heure chaque délégation: cinq syndicales (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC) et trois patronales (Medef, CGPME, UPA).
Le leader de la CGT, Bernard Thibault, a d'emblée mis la pression sur le gouvernement de gauche en lui rappelant que c'est "une majorité de salariés" qui a "contribué" à l'élection de François Hollande. Maintenant, il y a une "impatience" de premières mesures "rapides" qui "modifient le quotidien", a dit celui qui avait appelé à battre Nicolas Sarkozy.
M. Thibault a remis au Premier ministre une liste de 46 entreprises en redressement
La CGT et FO avaient fait savoir par avance qu'elles attendaient un "geste fort" mais Michel Sapin a exclu un "saut" sur le smic, invoquant la nécessité de ne pas fragiliser les petites et moyennes entreprises (TPE et PME).
"Oui, il y aura un coup de pouce", a confirmé François Hollande sur France 2, sans donner de précision sur son ampleur.
"Il devra rattraper ce qui n'a pas été accordé cette dernière année, il devra aussi veiller à ce que ça ne déstabilise pas les entreprises" qui éprouvent des difficultés de compétitivité. (REUTERS)
ou en liquidation, soit près de 45.000 emplois menacés, qui va se "cumuler ou se croiser" avec la "propre liste du gouvernement". Il a réclamé une loi pour "permettre aux salariés de contrarier la décision des gestionnaires lorsqu'il n'y a pas de bien-fondé économique aux licenciements".
Le numéro un de la CFDT, François Chérèque, a proposé, lui, la re-création d'une "mission interministérielle sur les plans sociaux", tandis que son homologue de FO, Jean-Claude Mailly, prônait le retour d'un "commissariat au plan".
De son côté, la patronne du Medef, Laurence Parisot, qui clôt le défilé en fin de journée, espère convaincre le gouvernement de ne pas compromettre la compétitivité des entreprises et de mettre la pédale douce notamment sur une hausse du Smic, hantise des PME.
Une hausse du Smic "est toujours dangereuse" pour l'emploi et doit être "a minima", a prévenu le numéro un de la CGPME, Jean-François Roubaud. Le gouvernement n'a pas encore précisé l'ampleur du coup de pouce. La CGT et FO demandent une vraie hausse. "Certains considèrent que j'en demande trop, je rappellerai tout simplement que le seuil de pauvreté en France est à 954 euros et que le Smic est à 1.100 euros", a lancé M. Mailly.
Mais, pour la CFDT, le problème est d'abord "qu'il y a trop de salariés au Smic et qui le restent".
Autre sujet urgent, source de divergences entre patronat et syndicats: le décret en préparation sur les retraites qui devrait sortir entre les deux tours des législatives pour permettre un départ à 60 ans des salariés ayant commencé à travailler très tôt. Les contours restent à préciser.
Pour l'ex-Premier ministre François Fillon, les syndicats seront "les premiers cocus de la gauche", notamment sur ce dossier.
Mardi, pour le gouvernement, il s'agissait d'une première prise de contact afin d'écouter les doléances de tous en vue d'une grande conférence sociale prévue avant le 14 juillet à l'Elysée. Le gouvernement promet une concertation "dans la durée". Une réunion préparatoire, regroupant l'ensemble des huit partenaires sociaux autour du Premier ministre, se tiendra le 5 juin à Matignon.
M. Roubaud a salué "une véritable volonté de dialogue" du gouvernement. Il veille à "ne pas rater la première marche", a renchéri Bernard Van Craeynest (CFE-CGC). Le président du syndicat des cadres souhaite la fin d'une tradition française qui fait que, sur les trois parties -gouvernement, syndicat, patronat-, il y en a toujours deux "qui s'entendent sur le dos du troisième!"
M. Thibault a justement enjoint le gouvernement à s'appuyer "sur les forces vives qui ont souhaité le changement" et non sur le patronat et le Medef, dont, au passage, il a remis en cause "la représentativité".