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La chute de Bankia menace toute l'Espagne

La quatrième plus importante banque espagnole n’en finit plus d’accumuler les problèmes, hérités de l’éclatement de la bulle immobilière en 2008. Bankia est sur le point de représenter le sauvetage financier le plus cher de l’histoire espagnole.

Ses problèmes mettent toute l’économie espagnole en péril. La descente aux enfers de la banque Bankia, sous tutelle de l’État depuis le 9 mai, est devenue, aux yeux des marchés, le symbole de tout ce qui ne fonctionne plus en Espagne. Mariano Rajoy, le Premier ministre espagnol, a reconnu, le 28 mai, que la situation périlleuse de Bankia - ensevelie sous les créances immobilières douteuses - ne rassurait pas les investisseurs et rendait de “plus en plus compliqué de lever de l’argent sur les marchés” pour l'État.

Cette banque, la quatrième plus importante institution financière côtée à la Bourse de Madrid, accumule les mauvaises nouvelles ces derniers jours. Après avoir été suspendue à la Bourse de Madrid le 25 mai, son action a chuté de 13,3 %, lundi 28, à la reprise des cotations. Bankia a dû se résoudre à demander, ce week-end, une aide étatique de 19 milliards d’euros, qui s’ajouteront aux 4,5 milliards d’euros déjà avancés par l'état espagnol le 9 mai. Elle deviendra ainsi le sauvetage financier le plus cher de l’histoire espagnole.

Sacrée série noire pour une banque qui, a sa naissance en juillet 2010, devait incarner un système bancaire espagnol assaini, grâce à une plus forte concentration du secteur. L'établissement est en effet le résultat de la fusion de sept autres institutions financières espagnoles.

À l’époque de sa création, l’Espagne découvre avec effroi à quel point les banques ont prêté sans compter au moment de la bulle immobilière, entre 2000 et 2007) (plus de 230 milliards de créances douteuses). Les caisses d’épargne régionales ont été particulièrement généreuses avec des emprunteurs qui, crise économique aidant, ont de plus en plus de mal à rembourser. En juillet 2010, et à la demande de la Caja de Madrid (caisse de Madrid), sept caisses d’épargne ont décidé de fusionner afin de surmonter ensemble la crise de l’immobilier.

Pied d’argile et talon d’Achille

Bankia, détenue à 52 % par Casa de Madrid, a tout du mastodonte bancaire censé être capable de surmonter les crises. Avec 12 millions de clients et des actifs d’une valeur de 275 milliards d’euros dès 2011, elle semble avoir les reins solides et réussit à séduire les investisseurs lors de son introduction en Bourse en juillet 2011, levant plus de 3 milliards d’euros.

Le colosse a pourtant un maillon faible : la Banco Financiero y de Ahorros (BFA), la maison mère de Bankia. Celle-ci détient dans ses comptes 38 milliards d’euros de créances immobilières, soit 17 % de l’ensemble des crédits immobiliers en cours en Espagne. Depuis 2010, elle était supposée liquider, sans trop de heurts, ses actifs à risque, mais avec la crise économique ces créances se sont révélées de plus en plus douteuses. Résultat : Mardi 29 mai, la banque a annoncé une perte de 3,3 milliards d’euros pour 2011 alors que début 2012, la BFA tablait encore sur un bénéfice de 41 millions d’euros. Un grand écart budgétaire qui reflète la très rapide dégradation de la situation économique en Espagne.

Le gouvernement de Mariano Rajoy a beau assurer depuis le 23 mai que Bankia est un “cas unique” dans le paysage bancaire espagnol, les marchés sont loin de partager cet avis. Les plus importants fleurons financiers espagnols, Santander et BBVA, ont également enregistrés des chutes de plus de 3 % lundi.