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Les puissances occidentales haussent le ton contre Damas

Quatre jours après la tuerie de Houla qui a fait 108 morts, Paris, Berlin, Londres, Rome, Madrid, Washington et Ottawa ont tour à tour annoncé l'expulsion des représentants diplomatiques syriens en poste dans leur pays.

L’onde de choc provoquée par le massacre de Houla (centre de la Syrie), vendredi, et l’échec manifeste du plan de paix de Kofi Annan ont sensiblement augmenté la pression sur le régime de Bachar al-Assad. Paris, Rome, Madrid, Londres, Berlin, Washington et Ottawa ont, en effet, durci leur position à l'égard de Damas, mardi, annonçant leur décision d’expulser ou l’expulsion des représentants diplomatiques syriens en poste dans leur pays. La France a été la première à agir en ce sens en Europe. Le président François Hollande en personne a annoncé, à la mi-journée, que l'ambassadrice de Syrie en France serait expulsée mardi ou mercredi en réponse, notamment, à la tuerie survenue en fin de semaine dernière. Interrogé mardi soir sur France 2, le chef d'État français a déclaré ne pas exclure une intervention armée dans le pays, à condition qu'elle se fasse sous mandat de l'ONU.

Persona non grata

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Images amateurs qui témoignent de la violence de la répression du massacre de Houla

Cette décision a été notifiée à l'ambassadrice Lamia Chakkour, déclarée persona non grata, ainsi qu'à "deux autres agents de l'ambassade", selon le Quai d'Orsay. "Ce n’est pas une décision unilatérale de la France, mais concertée avec nos partenaires", a indiqué le chef de l’État lors d'un point presse. Et d’ajouter : "J'ai eu une conversation hier (lundi) avec David Cameron, le Premier ministre britannique. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, a eu une discussion avec le secrétaire général des Nations unies (Ban Ki-moon) et nous avons convenu d'un certain nombre de pressions à exercer sur la Syrie", a précisé le président. Il a également annoncé que le groupe des pays "amis de la Syrie" se réunira "début juillet" à Paris.

Dans un entretien accordé au Monde, le nouveau chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a qualifié le président Bachar al-Assad "d'assassin de son peuple", estimant au passage qu'il devait "quitter le pouvoir" et que "le plus tôt sera le mieux". Selon un diplomate français de premier rang contacté par FRANCE 24, ce durcissement de ton s’explique par l’indignation suscitée par le massacre de Houla, qui a coûté la vie à 108 personnes selon l’ONU, dont 49 enfants. "Il n’était plus possible que la communauté internationale reste impassible. La tuerie de Houla a été la goutte d’eau qui a remis la Syrie au cœur des préoccupations internationales", explique celui-ci sous couvert d’anonymat.

"Un message très fort envoyé par Paris"

Si le régime syrien, qui nie toute responsabilité dans le massacre de Houla, n’a toujours pas réagi à l’expulsion de ses diplomates, de son côté, le Conseil national syrien (CNS), principale force de l'opposition, a salué cette initiative et renouvelé son appel au Conseil de sécurité de l'ONU d’adopter une résolution autorisant le recours à la force. "Le CNS apporte son soutien total à de telles mesures" et "appelle la communauté internationale à rompre tous les liens diplomatiques avec le régime syrien", indique-t-il dans un communiqué. Interrogé par FRANCE 24, Monzer Makhous, représentant pour l'Europe du CNS, précise que "ces mesures sont salutaires même si elles étaient attendues depuis très longtemps".

Pour le politologue et enseignant à l’université Paris-XI Khattar Abou Diab, cette offensive diplomatique constitue un pas important. "Même si elle est symbolique, cette initiative est la première de la nouvelle diplomatie française, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il s’agit d’un message très fort envoyé par Paris à Bachar al-Assad", explique ce spécialiste du Moyen-Orient sur l’antenne arabe de FRANCE 24.