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Après Berlin, Francois Hollande poursuit son baptême du feu diplomatique aux États-Unis, où il rencontrera Barack Obama et tentera de convaincre les alliés de l'Otan du bien-fondé d'un retrait anticipé des troupes françaises d'Afghanistan.

Après le tapis rouge du Bundestag, à Berlin, c’est le bureau ovale de la Maison Blanche que foulera aujourd’hui le nouveau président français. Privilège des nouveaux arrivants, François Hollande a été invité  à un tête-à-tête avec Barack Obama pendant une heure à Washington, avant de participer au dîner d’ouverture  du G8, vendredi soir à Camp David, et de poursuivre avec le sommet de l’Otan à Chicago dimanche et lundi.

Cette marque d’attention rompt avec l’attitude de Barack Obama durant la campagne présidentielle. Le président américain s’était ouvertement affiché aux côtés de Nicolas Sarkozy, et avait refusé de recevoir le candidat socialiste. Malgré des débuts houleux, le président sortant, qui ne cachait pas son admiration à l’égard du "modèle américain", avait en effet fini par séduire Washington en réintégrant la France dans le commandement militaire de l’Otan et en prenant position sur la Libye.
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1ere journée de François Hollande en visite officielle aux États-Unis
L’étiquette socialiste inquiète
Si le président américain a été le premier à décrocher son téléphone pour féliciter François Hollande le 6 mai, l’élection d’un socialiste revendiqué reste une curiosité outre-Atlantique. "Les Américains connaissent très mal François Hollande et ils auraient préféré qu’il ne vienne pas avec son étiquette socialiste, synonyme aux États-Unis d’une intervention de l’État à tous les niveaux de la vie quotidienne et d’une opposition très marquée aux règles du marché", analyse Anne Kraatz, spécialiste des affaires étrangères chez les Democrats abroad de France.
Ce premier contact devrait donc permettre à Barack Obama de jauger son homologue français sur les dossiers économiques et diplomatiques en discussion durant les sommets du G8 et de l’Otan. it
Les relations entre Hollande et Obama
Hollande et Obama : première rencontre au sommet
L’épineux dossier afghan

Le dossier afghan reste le principal point d’achoppement avec Washington.

Au sommet de l’Otan à Chicago, François Hollande devrait réitérer, sans surprise, son intention de retirer les troupes combattantes françaises d’ici la fin 2012, soit deux ans avant la date fixée par ses alliés de la force internationale d'assistance et de sécurité (Isaf) qui soutient Kaboul face à la rébellion des Taliban.
Ce retrait anticipé, qui avait déjà été amorcé par Nicolas Sarkozy après la mort de plusieurs soldats mi-janvier, passe mal auprès des Américains. Sans viser particulièrement la France, les États-Unis avaient rappelé aux 28 pays de l’Otan leur engagement à maintenir leurs troupes jusqu’à la fin 2014 : "Washington a peur de l’effet boule de neige que ce retrait pourrait avoir sur les troupes des autres partenaires de l’Alliance", analyse Stanislas de Saint-Hippolyte, correspondant de FRANCE 24 à Washington.
Une "alliance importante et durable"
Malgré des divergences patentes, les deux présidents semblent ouverts à la discussion. Leur entourage diplomatique n’affiche aucune inquiétude quant à cette rencontre, mettant au contraire en avant la volonté de poursuivre le partenariat transatlantique. Au soir du 6 mai, le porte-parole de la Maison blanche Jay Carney affichait sa confiance  : "Le président Obama et le président élu François Hollande ont tous les deux rappelé l’alliance importante et durable entre les Américains et les Français."
François Hollande a d’ailleurs assoupli sa position sur l’Afghanistan en précisant que seules les troupes combattantes se retireraient, et que pour des questions logistiques, le retrait matériel prendrait du temps. Il a enfin assuré que l’opération se ferait "en bonne intelligence avec nos alliés." Pour sa part, "le président américain n’a aucun intérêt à s’opposer à François Hollande sur ce sujet", estime Pascal Boniface, directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). "La France reste un allié nécessaire sur de nombreux autres dossiers, ajoute-t-il. D’autant que la guerre en Afghanistan est perdue depuis longtemps, et que les troupes vont être amenées à se retirer petit à petit." it
Le retrait des troupes en Afghanistan au coeur des discussions
Hollande et Obama : première rencontre au sommet
Malgré leurs désaccords, Barack Obama, président considéré comme pondéré et non impulsif, et François Hollande, le "président normal", devraient donc trouver des terrains d’entente. Sur la question de la crise de l’euro notamment. En mettant l’accent sur la croissance plutôt que sur l’austérité, François Hollande se retrouve plus en phase avec les stratèges économiques de la Maison Blanche. La crise européenne est en effet perçue à Washington comme une menace pour la reprise, encore hésitante, de l’activité américaine après la récession de 2007-2009. En pleine campagne électorale, le président américain sait qu’un accident économique en Europe pourrait lui coûter sa reconduction à la Maison Blanche en novembre prochain. Le pragmatique Barack Obama devrait donc avoir à cœur d’écouter les propositions de son homologue français.