À l’occasion de la passation de pouvoir, le 15 mai, François Hollande a prévu une cérémonie toute en sobriété afin de marquer de son sceau le premier jour d’une présidence "normale". Un style bien éloigné de celui de son prédécesseur.
Cour du palais de l’Elysée, mai 2007. Cécilia Sarkozy, alors épouse du chef de l’Etat nouvellement élu, fait son entrée accompagnée des cinq enfants du couple recomposé. Séance photos, suivie d’une montée des marches recouvertes d’un tapis rouge. Digne d’un festival de cinéma, le moment apparaît inédit dans ce cadre solennel.
Plus tard, dans la salle des fêtes du palais, le jeune fils de Nicolas Sarkozy, Louis, se promène au milieu des invités et admire, sous l’œil des caméras, le Grand Collier de la Légion d’honneur. Nicolas Sarkozy, lui, essuie, d’un geste tendre, une larme sur la joue de Cécilia.
Par opposition, la cérémonie du 15 mai prochain, qui doit investir François Hollande comme le septième président de la Ve République, devrait revêtir "une dimension plus symbolique", selon Pierre Moscovici, responsable de la transition présidentielle. Outre les honneurs rendus aux présidents, la traditionnelle cérémonie est également l’occasion de transmettre des informations confidentielles, telles que les codes d'accès à la force de dissuasion nucléaire. Vingt-et-un coups de canon sont tirés par la suite.
Une nouvelle image de la présidence
Fier de sa "normalité", le nouveau président de la République entend jouer sa propre partition de musique, en prenant le contrepied de son prédécesseur "bling-bling", dont le manque de sobriété dans les jours suivant son élection avait durablement entaché la cote de popularité. Les socialistes se sont, en ce sens, engagés à renouer avec la "dignité" de la fonction présidentielle. Le 6 mai, peu après l’annonce de sa victoire, François Hollande mettait l’accent dans son discours sur le "comportement et l'exemplarité de l'Etat". De son côté, Jean-Marc Ayrault, pressenti pour être Premier ministre, a insisté sur la nécessité de redonner de la "distance" à la fonction suprême.
Les enfants du président élu seront donc tenus à l’écart de la cérémonie officielle. "Ils considèrent que ce n'est pas leur place, a assuré Ségolène Royal - mère des quatre enfants de François Hollande - sur Canal +. Il y a des moments intimes pour la famille et des moments officiels où doivent être respectées les règles protocolaires." "Nous devons faire une République irréprochable, a-t-elle expliqué. C'est François Hollande qui est élu président de la République, ce n'est pas une famille, c'est pas les amis, c'est pas les copains." L’ex-compagne du nouveau président sera, elle, "bien sûr" présente. Mais comme "candidate de l’élection présidentielle de 2007, présidente de région ou ex-ministre," souligne-t-elle.
Alors que la nouvelle famille présidentielle fuit la surexposition médiatique, un premier couac a néanmoins détoné au soir du 6 mai. Le fils de François Hollande, Thomas, s’est laissé filmer en direct par une équipe de France 2 en train de féliciter son président de père par téléphone, quelques minutes après 20 heures. "Papa" inscrit sur l’écran de son Iphone, le fils aîné avait timidement engagé une discussion privée en public. L’incident avait été amplement commenté dans les médias et sur la Toile. Depuis, le jeune avocat s’est cloîtré dans le silence et refuse toute nouvelle intervention dans les médias.