
La chef de la diplomatie américaine a salué l'effort de New Delhi à réduire ses importations de pétrole iranien, en conformité avec les appels de la communauté internationale. Elle espère que Calcutta fera "encore plus".
AFP - La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a appelé lundi l'Inde à réduire davantage ses importations de pétrole iranien, voulant obtenir de New Delhi un soutien dans son entreprise d'isolement de la république islamique.
"L'Inde (...) travaille sans aucun doute à réduire ses achats de pétrole iranien. Nous saluons les mesures qu'ils ont prises jusqu'à présent. Nous espérons qu'ils feront encore plus", a déclaré Mme Clinton lors d'un forum à Calcutta, dans l'est de l'Inde.
Estimant qu'il y avait un approvisionnement "adéquat" sur le marché pétrolier pour compenser les réductions en provenance d'Iran, elle a estimé que les efforts supplémentaires demandés à l'Inde faisaient partie "du rôle de l'Inde dans la communauté internationale".
L'Inde, qui dépend du brut iranien à hauteur de 12% de ses importations, selon les chiffres 2011, a dit avoir réduit "de façon substantielle" son approvisionnement après avoir précédemment affirmé que le pays ne se joindrait pas aux efforts américains et européens pour assécher les revenus pétroliers de l'Iran.
Mme Clinton, qui doit se rendre lundi à New Delhi pour des discussions avec le Premier ministre, Manmohan Singh, a estimé qu'il était essentiel de maintenir la pression sur Téhéran concernant son programme nucléaire controversé et qu'un nouveau cycle de négociations était le fruit d'efforts précédents.
Les Occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire, ce que conteste Téhéran, qui affirme que son programme d'enrichissement nucléaire n'a pas de visées militaires.
La secrétaire d'Etat a entamé dimanche une visite de trois jours en Inde visant à relancer leurs relations bilatérales qui ont perdu de leur élan en dépit d'années d'efforts de rapprochement entre les deux plus grandes démocraties du monde.
Les deux pays ont rapidement resserré leurs liens après des années de défiance mutuelle pendant la Guerre froide mais les tensions concernant l'Iran et des difficultés sur le plan commercial, portant notamment sur une plus grande libéralisation de l'économie indienne, ont freiné les progrès.
Leur rapprochement date de la fin des années 1990 sous l'impulsion de l'ancien président américain Bill Clinton et il s'est poursuivi avec George W. Bush, qui permit à l'Inde de sortir de décennies d'isolement nucléaire.
Les Etats-Unis espéraient que les géants américains du nucléaire profitent de ce nouveau marché mais une loi adoptée depuis en Inde est considérée par Washington comme un frein à l'entrée des groupes privés américains, qui ne peuvent endosser la responsabilité qu'on leur demande en cas d'accident nucléaire.
Des entreprises soutenues par leur Etat, comme le français Areva, en ont profité à leurs dépens.
"Nous avons dit clairement au gouvernement que cette législation rendait difficile la participation des groupes américains. Nous continuons de discuter et nous espérons qu'il y aura un moyen de résoudre les problèmes qui demeurent", a déclaré Mme Clinton.
Les Etats-Unis ont également plaidé pour une libéralisation de l'économie indienne, notamment dans le secteur de la grande distribution. Une réforme permettant aux multinationales, comme l'américain Wal-Mart, d'ouvrir des chaînes de supermarché en Inde a finalement été suspendue l'an dernier.
Concernant l'Iran, en vertu d'une loi américaine les Etats-Unis vont imposer des sanctions à compter du 28 juin aux institutions financières de tous les pays qui continueront à acheter à l'Iran du pétrole, qui constitue la principale exportation de ce pays.
Le département d'Etat américain a toutefois déjà accordé des dérogations aux membres de l'Union européenne et au Japon, estimant qu'ils faisaient des efforts importants pour réduire leurs achats de pétrole iranien.
Washington est en train de réfléchir à une dérogation pour l'Inde, qui a fait part comme la Chine de son opposition à cette loi.