Le chômage a atteint 10,9 % de la population active dans la zone euro en mars a annoncé mercredi Eurostat, l'institut européen des statistiques. 17,36 millions de personnes sont à la recherche d'un emploi, soit 169 000 de plus qu'en février.
AFP - Le taux de chômage a atteint en mars son plus haut niveau dans la zone euro depuis la création de l'Union monétaire, à 10,9% de la population active, et se rapproche des 11%, un seuil jamais atteint.
Selon des données publiées mercredi par l'office européen des statistiques Eurostat, 17,36 millions de personnes étaient au chômage en mars dans la zone euro, soit 169.000 de plus que le mois précédent.
Ce niveau, qui égale celui établi en avril 1997 mais n'a jamais été atteint depuis la création de la zone euro, est conforme aux prévisions des analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires.
Il s'agit du onzième mois consécutif au cours duquel le chômage a atteint ou dépassé le seuil des 10% dans la zone euro. En un an, 1,73 million de personnes se sont retrouvées au chômage dans la zone euro.
"Compte tenu des enquêtes sur les intentions d'embauche, tout semble indiquer que le chômage va continuer de grimper dans les mois prochains et il ne devrait pas attendre longtemps avant de dépasser les 11%", indique Martin Van Vliet, économiste pour la banque ING, qui n'exclut pas un pic à 11,5%.
"Les entreprises sont bien souvent sous pression (...) afin de limiter les coûts face à une demande limitée, des marges réduites, une concurrence accrue et des perspectives économiques incertaines", résume Howard Archer, économiste pour IHS Global Insight, qui craint lui aussi un pic à 11,5% dans la zone euro.
Les disparités sont toutefois importantes parmi les États membres.
Les taux de chômage les plus bas ont été enregistrés en mars en Autriche (4%), aux Pays-Bas (5,0%), au Luxembourg (5,2%) et en Allemagne (5,6%), tandis que l'Espagne reste de loin le mauvais élève de la zone euro. Madrid a vu son chômage grimper à 24,1% en mars, un record. En Grèce, le chômage s'est inscrit à 21,7% selon les dernières données disponibles pour ce pays, qui datent de janvier.
"Les taux de chômage exceptionnellement élevés dans l'Europe du Sud sont en partie liés à des facteurs structurels, mais ils illustrent aussi les sacrifices infligés à court terme par les plans de rigueur", développe l'analyste d'ING.
Les jeunes paient un lourd tribut puisqu'en mars, ils étaient 3,34 millions sans emploi dans la zone euro. Les taux les plus élevés de jeunes sans emploi sont en Grèce (51,2% en janvier 2012) et en Espagne (51,1%).
Seule bonne nouvelle: ces mauvais chiffres "vont encourager les discussions sur la nécessité de définir une stratégie pour la croissance en zone euro", estime Martin Van Vliet, alors que le sujet monte en Europe.
Les données "illustrent les disparités économiques entre la zone euro et les Etats-Unis, où le chômage recule. L'écart entre les taux de chômage dans l'Union monétaire et aux Etats-Unis n'a jamais été aussi important depuis fin 2007", poursuit-il.
Le taux de chômage aux Etats-Unis a repris sa baisse en mars, refluant à 8,2%, soit le taux le plus faible depuis trois ans.
Dans l'ensemble de l'Union européenne, le taux de chômage est lui resté stable à 10,2% en mars. Il s'agit d'un record absolu, a indiqué Eurostat.