Après le traditionnel défilé frontiste du 1er-Mai, la présidente du Front national a annoncé à ses militants qu’elle voterait blanc au second tour de la présidentielle, sans toutefois donner de consigne de vote.
Place de l’Opéra, mardi 1er mai, Marine Le Pen a livré un discours sans surprise. "À titre personnel, je me détournerai de ces mirages… […] Dimanche, je voterai blanc…", a-t-elle martelé, tout en laissant à ses électeurs le choix de se prononcer en fonction de leur sensibilité politique.
Devant des milliers de militants, la présidente du Front national a surfé sur l’excellent score de son parti au premier tour de l’élection présidentielle le 22 avril (3e, avec 17,9 % des suffrages) et félicité son assistance pour avoir "posé les fondations de notre proche arrivée au pouvoir".
Galvanisée par un auditoire venu en grand nombre, Marine Le Pen a fustigé droite comme gauche, sans privilégier aucun parti. À la gauche française "qui a abandonné sans vergogne les petits", elle a opposé "un président qui n’aura pas seulement fait mal aux Français, mais qui leur aura fait honte. […] Et qui tente aujourd’hui maladroitement de se muer en candidat du peuple…"
Un défilé traditionnel
Mardi, avant même le discours, le défilé frontiste avait déjà pris des allures de marche victorieuse. Plusieurs milliers de sympathisants ont battu le pavé, dès 9 heures, au départ de la place du Palais-Royal. En tête du cortège, Marine Le Pen et les membres du bureau politique du FN, notamment son père Jean-Marie Le Pen, 83 ans.
D’autres soutiens extérieurs au parti ont également défilé à leurs côtés, notamment Gilbert Collard et Denis Seznec, le petit-fils de Guillaume Seznec.
Sous une nuée de drapeaux tricolores, le cortège a repris d’une voix les slogans chers aux manifestants frontistes et à Marine Le Pen : "Bleu blanc rouge, la France aux Français", "Sarko, Hollande, c'est pareil", "Ni droite ni gauche, bleu marine" ou encore "Français réveille-toi, tu es ici chez toi".
Les quelques milliers de manifestants ont ensuite fait une halte place des Pyramides pour y déposer une gerbe sous la statue de Jeanne d’Arc, égérie française revendiquée par les frontistes, avant de rejoindre la place de l’Opéra, où le président d’honneur du FN, Jean-Marie Le Pen, a prononcé un discours en l’honneur du 600e anniversaire de la naissance de l'icône du parti.
Anti-système
Puis Marine Le Pen a pris la parole, peu après midi. Devant une place de l’Opéra bondée, la présidente du FN s’est donc érigée en chantre de l’opposition au système : "Nous sommes devenus le centre de gravité de la politique française. Les débats aujourd’hui se structurent autour de nos propositions […] La cohérence de notre discours s’est imposée."
Le Pen a également soigné son portrait de porte-étendard de l’électorat anti-système : "Ils n’ont toujours qu’un ennemi commun… nous !", rappelant que le "sénateur Mélenchon" s’était "dès 20h01 rallié à la gauche libérale", au soir du premier tour.
Elle s’est aussi insurgée contre l’enjeu du second tour de la présidentielle, en remettant sur le devant de la scène le protectionnisme national, l’une des tendances phares de son programme : "Qui de Sarkozy ou de Hollande appliquera le plus la politique de rigueur […] de la troïka FMI-BCE-Commission européenne", s’est-elle questionnée avec ironie, regrettant assister "à un concours de recrutement, un entretien d’embauche."
Rassemblement bleu marine ?
Fidèle à sa posture de campagne, Marine Le Pen n’a pas souhaité brader son électorat. À l’inverse, elle a appelé ses troupes à un nouveau rassemblement avec, en ligne de mire, la présidentielle de 2017.
Elle s’est également épanchée sur les législatives et la nécessité de poursuivre l’effort, en appelant les électeurs à choisir "des députés qui seront la voix du peuple oublié, invisible, méprisé…"
Puis, de manière inattendue, au détour d’une phrase, la présidente du FN ajoute : "en cas de duel "Rassemblement bleu marine – UMP…" [aux législatives, ndlr]. Une formule qui vient accréditer un peu plus la thèse d’un prochain changement de nom du parti.