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Sarkozy mise sur le débat télévisé pour combler son retard dans les sondages

Donné perdant de la présidentielle par les sondages, Nicolas Sarkozy attend beaucoup du débat télévisé qui l'opposera, le 2 mai, au socialiste François Hollande. Un duel qu'il abordera, contrairement à 2007, dans la position de challenger.

"Les Français veulent le match, je peux vous garantir qu’ils vont l’avoir et ils ne vont pas être déçus". Donné perdant au second tour de la présidentielle par les sondages, Nicolas Sarkozy mise beaucoup sur le débat télévisé qui l’opposera à son adversaire socialiste, François Hollande, le 2 mai. Un duel très attendu, puisque plus de sept Français sur 10 ont l'intention de le regarder, selon un sondage TNS-Sofres pour I-Télé. Une fois n’est pas coutume, selon cette même enquête d’opinion rendue publique vendredi, 30 % des personnes interrogées pensent que le président-candidat sortira vainqueur du débat (contre 28 % à son rival).

Nicolas Sarkozy avait proposé dès avant le premier tour de la présidentielle l'organisation de deux débats télévisés entre le 22 avril et le 6 mai, au lieu d'un seul comme de coutume en France. Depuis le premier tour, le chef de l'État sortant en demande non plus deux mais trois, ce que François Hollande a refusé. Le candidat de la majorité a également accepté "sans conditions", mardi 24 avril, la proposition de quatre radios généralistes de participer à un débat avec son adversaire... qui a préféré décliner l’invitation.
"La pression du challenger"
La volonté farouche de Nicolas Sarkozy d’en découdre est-elle un signe de confiance absolue en ses qualités de débatteur ou révèle-t-elle, a contrario, la faiblesse d'un président qui lutte pour rattraper son retard ? "Un peu des deux, il a toujours été persuadé d’être le meilleur débatteur de la droite française, mais j’ai l’impression, cette fois, qu’il a la pression du challenger obligé de marquer les esprits avant le 6 mai", confie à FRANCE 24 un ancien élu des Hauts-de-Seine qui a côtoyé de près Nicolas Sarkozy au début des années 2000. En clair : "Je le sens moins serein que d’habitude."
Challenger, le mot est lancé. En 2007, fort d’une confortable avance après le premier tour sur la prétendante socialiste Ségolène Royal, le candidat Nicolas Sarkozy avait fait preuve de courtoisie et de maîtrise lors du débat. Dans la posture du favori, il s’était montré, selon plusieurs sondages d’opinion de l’époque, "le plus convaincant" lors d’un duel qui n’a toutefois guère laissé de trace particulière dans les mémoires.
"Être offensif, sans être agressif"
Face à François Hollande, la donne ne sera pas la même puisqu’il est le premier président sortant à ne pas s'être imposé à l'issue d'un premier tour d’une présidentielle. "La position de challenger du président de la République sortant est une première. Il va devoir se découvrir, être offensif, sans être agressif", explique à l’AFP Christian Delporte, spécialiste en histoire des médias et auteur de l’ouvrage "Les Grands Débats politiques" (Flammarion).
Avocat de formation et grand connaisseur des codes médiatiques, Nicolas Sarkozy accorde une grande importance à ce grand oral télévisé. Même si les politologues affirment que les débats de l’entre-deux tours ont peu d’influence sur l’issue du scrutin. Et, à l’instar de François Hollande, chaque thème, chaque petite phrase et chaque angle d’attaque auront été calculés pour faire mouche. "Ses passages télévisés et ses coups d’éclat médiatiques ont toujours été minutieusement préparés, même s’il est naturellement très à l’aise dans cet exercice et maîtrise à merveille cet outil de communication qui est indissociable de son ascension politique", note l’ancien élu des Hauts-de-Seine.
Nul n’a en effet oublié la joute verbale qui l’avait opposé à Jean-Marie Le Pen, à qui il avait damé le pion à coup de formules acides en novembre 2003. "Il avait, ce soir-là, ringardisé Le Pen à tout jamais en quelques phrases", précise cet ancien collaborateur. Le ministre de l'Intérieur qu’il était s’était alors montré satisfait d’avoir remporté un duel "physique" avec le leader frontiste.
Cette pugnacité médiatique semble toujours d’actualité. Selon des propos rapportés par plusieurs médias il y a quelques semaines, Nicolas Sarkozy a confié à ses proches qu’il comptait "exploser" son adversaire lors du débat télévisé du 2 mai. "François Hollande l'attend de pied ferme", a répliqué de son côté Pierre Moscovici, directeur de la campagne du candidat socialiste. Le ton est donné.