Après la diffusion de quatre portraits-robots, les autorités déclarent avoir "identifié les gens qui ont mené l'opération" grâce, notamment, à des images filmées par des caméras de surveillance.
AFP - Le Pakistan a annoncé jeudi que les auteurs de l'attentat de mardi à Lahore avaient été identifiés et a reconnu des failles dans le dispositif de sécurité, qui ont jeté le doute sur la capacité du gouvernement à lutter contre le terrorisme.
Des images très explicites, filmées par des caméras de surveillance et diffusées jeudi par les télévisions, montraient plusieurs des assaillants prenant calmement la fuite après l'attaque contre l'équipe de cricket du Sri Lanka, qui a fait huit morts.
Une séquence montre deux hommes, portant des sacs à dos, marchant dans une petite rue avant de grimper sur des motos pilotées par des complices. Un autre est filmé sautant à bord d'un rickshaw qui ensuite dévale une rue. Un autre encore gare tranquillement sa moto devant une échoppe.
L'attaque lancée en pleine ville par un commando d'une douzaine d'hommes surarmés, puis la fuite des assaillants ont soulevé au Pakistan une vague de critiques et de nouvelles interrogations sur la capacité de ce pays, miné par une vague d'attentats islamistes, à faire face au terrorisme.
Jeudi, la police a diffusé quatre portraits-robots et dans la soirée, le gouverneur de la province du Pendjab, Salman Taseer, a annoncé que les autorités avaient "identifié les gens qui ont mené l'opération".
Il a ajouté sans autres précisions que "de nombreuses personnes" avaient été interpellées.
L'attentat n'a pas été revendiqué mais dès mardi, les autorités avaient mis en avant la piste islamiste en relevant des similitudes tactiques entre cette attaque et celles de novembre à Bombay en Inde (174 morts).
Le chef de l'administration locale de Lahore, Khusro Pervez, a reconnu jeudi des lacunes dans la sécurité qui entourait l'équipe sri-lankaise, alors même que le gouvernement aurait été informé d'un risque d'attentat.
"Nous allons essayer de voir comment nous pouvons être plus efficaces dans la lutte contre les actes de terrorisme", a-t-il déclaré à l'AFP.
La commission des Affaires étrangères du Sénat a de son côté fait état de "rapports émanant de services gouvernementaux avertissant qu'un tel attentat pouvait être imminent" et a dénoncé "une faille grave dans la sécurité".
L'attaque a visé le convoi qui transportait, sous escorte policière, l'équipe de cricket vers un stade de Lahore, dans l'est du Pakistan.
Pendant environ 25 minutes, une fusillade a opposé le commando aux policiers de l'escorte, sans qu'aucun renfort ne parvienne sur place. Puis les assaillants se sont évanouis dans cette ville de 10 millions d'habitants.
"Comment se fait-il qu'aucun assaillant n'ait été tué ou blessé durant les 25 minutes de la fusillade? Pourquoi aucun renfort de police n'est-il arrivé à temps? Pourquoi le secteur n'a-t-il pas été bouclé assez vite pour empêcher la fuite des assaillants?", s'interrogeait jeudi le quotidien The News.
L'attentat a soulevé une émotion d'autant plus vive qu'il a visé, pour la première fois de manière aussi ciblée, le cricket, un sport mais surtout une passion nationale au Pakistan comme partout en Asie du Sud.
Depuis juillet 2007, le Pakistan est la cible d'attentats islamistes, attribués aux talibans alliés au réseau Al-Qaïda, qui ont fait plus de 1.600 morts.
Mais pour de nombreux observateurs, celui de Lahore signe de manière plus criante encore l'échec face au terrorisme du gouvernement civil pakistanais, plus fragile que jamais un an à peine après sa prise de fonction.