Le président soudanais a confirmé l'expulsion de dix ONG, les accusant d'avoir violé les lois soudanaises. Thierry Durand de MSF-France reproche au gouvernement de confondre ONG et militants des droits de l'Homme.
Le directeur des opérations françaises de Médecins sans frontières (MSF) au Soudan, Thierry Durand, déplore la décision du gouvernement soudanais d’expulser une dizaine d’organisations non gouvernementales (ONG).
"Un amalgame a été fait entre les organisations de secours comme MSF et les activistes des droits de l'Homme, qui, depuis plusieurs années, ont fait campagne pour la justice et ont alimenté [la CPI], déplore Thierry Durand sur l’antenne de FRANCE 24. On a essayé de se différencier d'eux mais l'amalgame a été fait, et c'est un signe politique fort du gouvernement soudanais."
Ce jeudi, le président Omar el-Béchir a accusé les ONG d’avoir violé les lois du pays. "Nous avons expulsé dix organisations étrangères après avoir observé des activités allant à l’encontre des règlements et des lois", a-t-il déclaré, en confirmant l’exécution de la sentence devant son cabinet.
Dans sa première allocution depuis l’émission d’un mandat d’arrêt international à son encontre par la Cour pénale internationale (CPI), l’homme fort de Khartoum a promis que son gouvernement agirait avec
"détermination" contre ceux qui menacent la stabilité du pays.
Au total, une dizaine d'ONG internationales ont dû quitter le territoire soudanais, dont MSF-Hollande, Mercy Corps, Care, Solidarités, Action contre la faim et Save the Children.
Une réaction "inacceptable"
Pour Thierry Durand, la réaction du gouvernement est inacceptable. "La décision n'a pas été expliquée et aucune réponse n'a été apportée aux questions posées par les autres membres de MSF", regrette-t-il.
Les organisations expulsées interviennent dans beaucoup de domaines comme la distribution d’eau, de nourriture et les soins de santé, explique-t-il. "Quatre autres sections de MSF vont essayer de rester au Darfour, mais l’expulsion de certaines de ces ONG fait qu'à certains endroits il n'y a plus aucun acteur de secours", constate Thierry Durand.
La situation humanitaire est stable depuis mai 2004, et selon le directeur des opérations de MSF-France il n’y a plus d’urgence majeure. Deux millions de personnes sont néanmoins "complètement dépendantes" de l'aide internationale.