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Au troisième jour de son procès, Breivik refuse de s'exprimer sur son prétendu réseau

Au troisième jour de son procès à Oslo, l'auteur du massacre du 22 juillet 2011 a refusé de révéler l'identité des prétendus autres membres de l'organisation nationaliste dont l'extrémiste de droite se réclame.

AFP - Anders Behring Breivik, jugé depuis lundi pour le massacre de 77 personnes en Norvège, est resté très discret mercredi sur ses contacts avec d'autres militants nationalistes qui auraient conduit à la création des Chevaliers Templiers, l'organisation mystique à laquelle il prétend appartenir.

"Je ne souhaite pas m'exprimer là-dessus", a répété Breivik à maintes reprises, en réponse aux questions insistantes de la procureur Inga Bejer Engh.

Dans son manifeste de 1.500 pages diffusé le jour des attaques, l'extrémiste de droite de 33 ans dit être membre d'un réseau de militants nationalistes, les Chevaliers Templiers, qu'il aurait fondé avec trois autres personnes à Londres en 2002.

La police norvégienne n'est jamais parvenue à prouver l'existence de ce réseau.

Mercredi, au troisième jour de sa comparution devant le tribunal d'Oslo, Breivik s'est borné à expliquer qu'il était entré "incidemment" en contact sur internet avec une personne à l'étranger en 2001, un contact qui aurait été un déclencheur pour la création des Chevaliers Templiers.

Il a aussi confirmé s'être rendu au Liberia pour rencontrer un militant nationaliste serbe, refusant de fournir le nom de cet individu et les raisons de cette rencontre, évoquant seulement un processus de sélection.

"Je ne souhaite pas fournir d'informations susceptibles de conduire à des arrestations supplémentaires", a-t-il dit.

Tout juste a-t-il expliqué avoir utilisé deux couvertures pour justifier son voyage dans le pays africain alors ravagé par une guerre civile et qu'il a décrit comme "un trou" en plein western.

Aux autorités libériennes, il a dit être en mission pour l'Unicef aux yeux des autorités libériennes: il avait placé dans ses bagages des brochures récupérées au siège norvégien de l'organisation.

A ses amis et contacts africains, il a expliqué son voyage par un négoce de diamants.

Coopératif mardi sur les questions liées à son éducation et ses activités professionnelles --l'accusation cherchant à mettre en lumière ce qui a conduit à sa radicalisation--, Breivik a cette fois-ci refusé de répondre à de nombreuses questions de la procureur.

"J'ai compris que vous allez essayer de me +déligitimer+", a-t-il dit à Mme Bejer Engh, la suspectant, comme la police, de vouloir mettre en cause la réalité de son voyage au Liberia.

Face à cet échange peu fructueux entre l'accusation et l'accusé, la juge Wenche Elizabeth Arntzen a semblé perdre patience.

"On ne peut pas continuer à avoir ce genre de discussion indéfiniment", a-t-elle dit, rappelant à Breivik que l'absence de réponse pourrait aussi être retenue contre lui, l'heure du jugement venue.

Le 22 juillet 2011, Breivik avait d'abord tué huit personnes en faisant exploser une bombe au pied de la tour qui abrite le siège du Premier ministre travailliste, absent à ce moment-là.

Puis, déguisé en policier, il avait froidement tiré pendant plus d'une heure sur des membres de la Jeunesse travailliste réunis en camp d'été sur l'île d'Utoeya, près d'Oslo, faisant 69 autres victimes, essentiellement des adolescents.

Breivik plaide non coupable et le principal point d'interrogation du procès, qui devrait durer 10 semaines, porte sur sa santé mentale.

Jugé pénalement irresponsable, il risque l'internement psychiatrique à vie. Responsable, il encourt 21 ans de prison, une peine qui pourra ensuite être prolongée aussi longtemps qu'il sera considéré comme dangereux.