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Le fracassant come-back médiatique de Julian Assange

Toujours poursuivi par la justice suédoise, Julian Assange a frappé un grand coup en réalisant, pour la chaîne RT, un entretien avec le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah. Le fondateur de Wikileaks confirme ainsi son statut de personnage controversé.

Le trublion Julian Assange vient de signer un nouveau coup d’éclat dans une carrière déjà riche en scoops et révélations. Pour les débuts de son émission sur la chaîne télévisée russe RT, le fondateur de Wikileaks est parvenu à décrocher un entretien avec l’un des hommes les plus sulfureux de la planète : le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Le leader du mouvement chiite libanais, considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, s’est entretenu avec Assange, en duplex vidéo, depuis "un lieu secret au Liban".

S’il donne parfois des discours depuis les zones contrôlées par son mouvement, Nasrallah accorde en revanche très peu d’entretiens aux médias internationaux. Il s’agit donc d’un nouveau "coup journalistique" pour Assange, après le célèbre "cablegate". En 2010, Wikileaks avait rendu public des dizaines de milliers de câbles diplomatiques confidentiels, s’attirant les foudres de bon nombre de diplomaties occidentales.

"Un idiot utile"

Sa nouvelle fonction d’intervieweur ne devrait pas permettre à Assange de redorer son image auprès du département d’État américain. Washington n’a sans doute pas apprécié de le voir s’entretenir avec l’un des hommes les plus recherchés au monde.

Dans un entretien accordé à sa nouvelle chaîne, le fondateur de Wikileaks assure être bien conscient de la controverse que va susciter sa nouvelle émission. "Et voilà Julian Assange, combattant ennemi, un traître, qui couche avec le Kremlin et mène des interviews avec de terribles (militants) radicaux de partout dans le monde" s’amuse-t-il.

Il estime désormais que seuls deux médias sont encore dignes d’intérêt, les chaînes qatarie Al-Jazira et russe RT. "Les autres médias internationaux, en ce qui concerne Wikileaks, sont trop occupés avec leurs priorités nationales", confie celui qui assure que sa "confrontation majeure est avec l’Occident".

Le désamour est désormais partagé avec les grandes publications occidentales, qui avaient collaboré avec Wikileaks à l’époque du "cablegate" (The New York Times, The Guardian, Le Monde, El Pais). Dans un article publié quelques heures après la diffusion de son interview de Nasrallah, le quotidien britannique The Guardian raille les débuts "explosifs" d’Assange à la télévision russe. "The World Tomorrow [le nom de l’émission du RT, ndlr] confirme qu’il n’est pas un révolutionnaire sans peur. Au lieu de ça, c’est un idiot utile".

Assigné à résidence au Royaume-Uni

Critiqué dans les médias occidentaux, Assange est par ailleurs toujours sous le coup d’une procédure judiciaire. Il est assigné à résidence au Royaume-Uni depuis plusieurs mois dans l'attente d'une décision définitive de la justice britannique sur une demande d'extradition de la Suède dans une affaire de viol et d'agression sexuelle.

Bien qu’il ne puisse plus quitter le territoire britannique, RT a décidé de se lier à lui et de communiquer massivement autour de cette atypique collaboration. Pendant plusieurs jours, la chaîne a entretenu le suspense autour du nom du premier invité d’Assange, des journalistes annonçant sur Twitter et à l’antenne qu’il s’agissait d’un personnage "particulièrement controversé " et "hautement charismatique". Reste à voir si Assange peut dégoter chaque semaine des personnalités aussi détonnantes que Nasrallah.