Dix candidatures n'ont pas été retenues pour la présidentielle égyptienne. Celles de l'ancien chef des services secrets Omar Souleimane, du salafiste Hazem Abou Ismaïl et du candidat des Frères musulmans Khairat al-Chater ont notamment été écartées.
AFP - La commission électorale égyptienne a annoncé samedi avoir écarté dix candidats à la présidentielle prévue en mai, dont l'ancien vice-président Omar Souleimane, le membre des Frères musulmans Khairat al-Chater et le salafiste Hazem Abou Ismaïl.
Même si cette décision était attendue par certains, la nouvelle fait l'effet d'une bombe en Egypte et bouleverse l'échiquier politique à moins de six semaines du scrutin présidentiel prévu les 23 et 24 mai.
itLes dix hommes écartés ont 48 heures pour contester la décision de la commission électorale.
Le Conseil suprême des forces armées, au pouvoir depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, va se réunir dimanche avec les chefs de partis "pour examiner la situation sur la scène intérieure", selon l'agence officielle Mena.
M. Souleimane, ancien chef des services secrets, a été disqualifié parce qu'il n'a pas réussi à obtenir les signatures d'électeurs dans 15 gouvernorats comme requis par la loi, a expliqué à l'AFP Tarek Aboul Ata, un responsable de la commission.
M. Chater, incarcéré jusqu'en mars 2011, a lui été écarté en raison d'une loi stipulant que toute personne ayant été condamnée à de la prison doit attendre six ans à partir de la fin de sa peine ou de la date de sa grâce avant de pouvoir retrouver ses droits civiques.
M. Abou Ismaïl ne peut quant à lui être candidat parce que sa mère a obtenu la nationalité américaine. La loi électorale stipule en effet que tout candidat à la magistrature suprême doit être uniquement égyptien, de même que ses parents et son épouse.
Parmi les candidats disqualifiés figure aussi l'opposant Ayman Nour, pour les mêmes raisons que M. Chater. Bien que le pouvoir militaire ait explicitement rétabli ses droits civiques, la justice administrative égyptienne lui a récemment interdit de se présenter.
Les Frères musulmans ont d'ores et déjà annoncé qu'ils allaient faire appel dimanche de cette décision, selon la Mena, tout comme M. Souleimane.
"La décision est politique", a estimé leur avocat Abdelmoneim Abdel Maqsoud, cité par l'agence. "La bataille juridique n'est pas terminée", a prévenu un des membres de la confrérie, Sobhi Saleh, à la télévision publique.
La confrérie islamiste, première force politique du pays, s'était préparée à une éventuelle invalidation de la candidature de M. Chater en présentant un second candidat, Mohammed Morsi, le président du Parti de la liberté et de la justice (issu des Frères musulmans).
Une source proche d'Omar Souleimane, citée par la Mena, a de son côté indiqué que l'ancien responsable contesterait la décision et entendait fournir les documents manquants.
M. Abou Ismaïl, dont les partisans avaient encerclé le siège de la commission électorale vendredi, a accusé les autorités, en particulier les militaires au pouvoir, de "jouer un jeu".
"Nous sommes maintenant face à un cas de violation de la loi égyptienne et de la Constitution", a-t-il déclaré à la télévision Hekma.
Vingt-trois personnes ambitionnant de diriger le pays le plus peuplé du monde arabe avaient déposé un dossier de candidature. Restent notamment en lice l'ancien membre des Frères musulmans Abdelmoneim Aboul Foutouh et l'ex-patron de la Ligue arabe Amr Moussa.
Le processus de dépôt des candidatures a été émaillé de coups de théâtre, comme l'annonce, presque à la dernière minute, de la candidature de M. Souleimane.
Le Parlement a approuvé peu après un amendement visant à interdire aux piliers de l'ère Moubarak de se présenter à des élections pour des postes à haute responsabilité. Le texte doit encore être approuvé par l'armée.