
Au moins quatre personnes ont été tuées lors d'un attentat-suicide perpétré par une jeune femme mercredi à Mogadiscio, lors de l'inauguration du théâtre national à laquelle participait le Premier ministre somalien, Abdiweli Mohamed Ali.
AFP - Quatre personnes, dont deux personnalités du monde sportif, ont été tuées par un attentat suicide perpétré mercredi par une femme au Théâtre national de Mogadiscio, à peine rouvert, au cours d'une cérémonie en présence du gotha du gouvernement, selon un journaliste de l'AFP.
Deux des morts sont le président du comité olympique somalien, Aden Yabarow Wiish, et le président de la fédération somalienne de football, Said Mohamed Nur, a indiqué à l'AFP le porte-parole du Premier ministre somalien.
La kamikaze, dont les restes du corps étaient visibles juste après l'explosion, était apparemment très jeune. Elle a fait détoner les explosifs qu'elle portait sur elle peu après le début du discours du chef du gouvernement, Abdiweli Mohamed Ali.
"Il y a quatre morts, dont le président du comité olympique somalien et le président de la fédération somalienne de football", a indiqué Abdirahman omar Osman, porte-parole du Premier ministre, faisant également état de "quatre ou cinq blessés dans un état critique".
Le porte-parole des milices islamistes shebab, en guerre contre le fragile gouvernement de transition somalien, Cheik Ali Mohamed Rage, a indiqué que "l'attaque avait été menée par une sympathisante" de son mouvement, sans en revendiquer directement la responsabilité, dans des déclarations à la radio somalienne pro-shebab Al-Andalus.
Sur place, des ambulanciers emmenaient les blessés ensanglantés sur des civières, tandis qu'un homme gisait à même le sol, et qu'un autre était inanimé sur sa chaise, apparemment mort.
Le Premier ministre et les autres ministres présents à la tribune sont sortis indemnes de l'attentat, au cours duquel a été notamment blessé un parlementaire, Mowlid Ma'an Mohamud.
Parmi les personnes décédées figure un compositeur somalien, Abdullahi Dirie Ali, connu sous le nom de Qabyaalad-Diid, a-t-on appris auprès de sa famille.
L'attentat a été commis au cours d'une cérémonie officielle pour le premier anniversaire de la reprise de la diffusion de la télévision nationale somalienne, organisée au Théâtre national de Mogadiscio, qui venait de rouvrir le mois dernier après avoir été fermé pendant vingt ans en raison de la guerre civile.
Le président somalien, Sharif Cheik Ahmed, et le Premier ministre avaient présidé la cérémonie de réouverture du Théâtre national, retransmise en direct à la télévision le 19 mars dernier, en y voyant un symbole de la reconstruction de Mogadiscio, que les islamistes shebab ont abandonné en août dernier.
La milice islamiste a mené depuis une série d'attentats dans la capitale somalienne, dans le souci de démontrer que ses capacités d'action n'étaient pas entamées par ce retrait militaire.
Les shebab ont semblé viser plus particulièrement les autorités somaliennes de transition. Ainsi, le 15 mars, un kamikaze s'était fait exploser à l'intérieur du complexe ultra-sécurisé Villa Somalia, abritant le palais présidentiel, grâce à la complicité d'un employé de la présidence qui avait péri avec lui, tuant quatre personnes.
Le 8 février, les miliciens islamistes avaient déjà revendiqué un attentat contre un café, voisin d'un hôtel réputé héberger des députés et responsables somaliens et situé non loin de Villa Somalia, qui avait tué au moins 15 personnes.
Les rebelles islamistes contrôlent encore une partie du sud et du centre de la Somalie, malgré la pression croissante des troupes kényanes et éthiopiennes, entrées en Somalie à la fin de l'an dernier.
L'attaque de mercredi "ne fera que renforcer notre détermination à aider le peuple somalien à rétablir une paix durable et la stabilité dans le pays", a déclaré depuis Mogadiscio le nouvel ambassadeur britannique en Somalie, Matt Baugh.
Le président de la Fédération internationale de football (Fifa), Joseph Blatter, s'est pour sa part déclaré "choqué" par l'attentat suicide, saluant les deux responsables sportifs décédés et "leurs immenses efforts pour promouvoir le sport et le football dans leur pays".
L'organisation de défense de médias Reporters sans frontières a déploré sept blessés parmi des journalistes qui couvraient l'événement.