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Le FMI redoute une crise humanitaire dans les pays pauvres

Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, craint que la tempête économique mondiale n'entraîne des crises humanitaires dans les pays les plus pauvres.

AFP - Le Fonds monétaire international (FMI) s'est alarmé mardi de la possibilité d'une crise humanitaire qui toucherait les pays les plus pauvres, confrontés à la chute de l'économie mondiale.

"J'exhorte les bailleurs de fonds à se montrer à la hauteur de l'enjeu, en apportant les financements nécessaires pour préserver les acquis obtenus (par les pays pauvres ces dernières années) au prix de tant d'efforts et empêcher une crise humanitaire", a affirmé dans un communiqué le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn.

Le FMI a publié mardi une étude dans laquelle il estime ces pays exposés à une "troisième vague" de la crise, après celles qui ont touché les pays avancés puis les émergents.

"Cela remet en question les progrès considérables accomplis par de nombreux pays à faible revenu au cours de la décennie écoulée, qui ont rehaussé leur croissance économique, fait reculer la pauvreté et sont parvenus à une plus grande stabilité politique", a souligné M. Strauss-Kahn.

Lors d'une conférence sur la crise dans les pays pauvres à Washington, le dirigeant de l'institution multilatérale a affirmé qu'il prévoyait "des problèmes de financement croissants pour les pays en développement".

"Le coût des prêts a considérablement augmenté et parfois même, quel que soit le prix qu'ils puissent payer, ces pays sont tout simplement incapables de trouver de l'argent à emprunter", a constaté M. Strauss-Kahn.

Dans son étude, le Fonds dit avoir identifié "22 pays à faible revenu qui font face aux problèmes de financement les plus graves", leurs réserves de changes étant tombées sous l'équivalent de trois mois d'importations.

Ils sont confrontés à une chute de la croissance (juste au-dessus de 4% cette année, contre 6% initialement prévu), de leurs exportations, des investissements étrangers sur leur sol et des envois de fonds de leurs émigrés.

Le FMI calcule que "pour maintenir leurs réserves de change à un niveau prudent", ils auront besoin d'au moins 25 milliards de financements supplémentaires de sa part et jusqu'à 140 milliards "si la croissance mondiale et les conditions de financement continuent de se détériorer", ce qui doublerait le nombre de pays vulnérables.

"Je suis profondément inquiet du coût humanitaire potentiel de cette crise [...] Le coût social va être immense et, bien entendu, cela provoque des inquiétudes quant à la stabilité politique", a déclaré M. Strauss-Kahn, évoquant "pour certains pays le risque de conflits et de guerre".