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Ai Weiwei retransmet en direct son quotidien sur le Web

L’artiste contestataire chinois a installé, ce mardi, quatre webcams dans son appartement de Pékin pour permettre à chacun de suivre son quotidien. Un nouveau pied de nez aux autorités chinoises pour dénoncer la surveillance dont il fait l’objet...

Il est 18h à Pékin ce mardi 3 avril. Ai Weiwei est devant son ordinateur et la terre entière peut le savoir en le regardant tapoter sur son clavier. L’artiste contestataire chinois a installé chez lui, le matin même, quatre webcams reliées à l’Internet qui permettent de suivre tout ce qu’il fait dans son appartement.

“Ma vie est placée sous tellement de surveillance que je me suis dit : 'Pourquoi ne pas installer des caméras ici afin que les gens puissent voir toutes mes activités ?'", explique Ai Weiwei à l’agence de presse française AFP. Pour cet artiste touche-à-tout spécialiste des installations d’art contemporain, il s’agit d’un pied de nez aux autorités chinoises. Ces dernières ont, en effet, installé une surveillance continue du domicile de ce dissident considéré par le magazine américain Arts Review comme l’artiste contemporain le plus influent au monde. Celui qui avait été le conseiller artistique de la construction du célèbre stade national de Pékin pour les Jeux olympiques de 2008 n’a, par ailleurs, pas le droit de quitter la capitale chinoise.

Les quatre webcams montrent son bureau, son salon, une cour intérieure et même une vue plongeante sur son lit. Cette cyberperformance est actuellement accessible même pour les internautes chinois qui commentent, notamment sur Twitter, la démarche de l’artiste. Des messages qui sont insérés sur le site weiweicam.com.

Redressement fiscal

Cette cyberprovocation n’est que le dernier outil imaginé par Ai Weiwei pour critiquer le pouvoir chinois sur l’Internet. Depuis plusieurs années, l'artiste est, en effet, devenu l’un des détracteurs les plus actifs du PC chinois sur la Toile. Le poème en mémoire du massacre de la place Tiananmen (intervenu en juin 1989) publié sur son blog en 2009 - ironiquement baptisé “Oublions” - a eu un fort retentissement international. Sur son compte Twitter, Ai Weiwei mêle discussion autour de sujets anodins et réflexion politique avec ses plus de 130 000 abonnés.

Cet activisme lui vaut de cumuler les ennuis avec le pouvoir central chinois. Il a ainsi été emprisonné pendant trois mois, entre avril et juin 2011, dans un endroit tenu secret. Celui-ci est par ailleurs sous le coup d’une condamnation pour fraude fiscale qui lui vaut de devoir payer une amende de 17 millions de yuan (1,7 million d’euros). Celle-ci lui a été confirmée le 29 mars dernier par la cour d’appel de Pékin devant laquelle Ai Weiwei tentait de contester l’accusation.