Un dirigeant des Frères musulmans, Saad al-Katatni, a été élu à la tête de la commission constituante égyptienne. Mardi, plusieurs partis laïques avaient claqué la porte de la même instance, dénonçant la main mise des islamistes.
AFP - Les membres de la commission chargée de rédiger la future Constitution de l'Egypte ont élu à la tête de cette instance controversée un dirigeant des Frères musulmans, Saad al-Katatni, actuel président de l'Assemblée du peuple (chambre des députés).
Cette élection intervient au lendemain du retrait de la commission des partis laïques, qui reprochent aux islamistes, largement majoritaires au Parlement, de vouloir en faire un outil au service de leurs ambitions.
Rédiger la Constitution nécessite de la "sagesse et une responsabilité politique, loin des gains partisans", a déclaré M. Katatni devant la commission, lors d'une session retransmise en direct par la télévision.
Cette élection intervient quelques heures après que la cour suprême constitutionnelle eut annoncé qu'elle retirait son représentant de la commission, Ali Awad Saleh, jetant de nouveaux doutes sur la légitimité de cette instance.
Les controverses "ont créé le doute et la confusion sur ses membres, et font planer des questions sur la procédure de formation", a déclaré un porte-parole de la cour constitutionnelle, le juge Maher Sami.
Depuis la formation dimanche de cette commission composée de 100 membres (50 parlementaires et 50 non-parlementaires), près d'une vingtaine de personnalités politiques s'en sont retirées, alors qu'une cour administrative du Caire doit se prononcer le 10 avril sur sa validité.
Les partis laïques redoutent que la mainmise des islamistes sur cette commission -où ils détiennent une soixantaine de sièges sur cent- ne leur permette de rédiger une constitution privilégiant leurs objectifs politico-religieux, comme renforcer la référence à la charia (loi islamique).
Les islamistes en revanche estiment que cette commission, dont tous les membres sont élus par les parlementaires, doit refléter la composition du Parlement, dominé à plus des deux-tiers par des élus islamistes.
La constitution en vigueur du temps de Hosni Moubarak a été abrogée à sa chute en février 2011 par le Conseil militaire qui assure depuis la direction du pays.
Une courte "déclaration constitutionnelle" adoptée par référendum le mois suivant se borne à définir quelques règles de fonctionnement en attendant l'adoption d'une nouvelle loi fondamentale.
L'armée égyptienne a promis le retour complet à un pouvoir civil une fois que le futur président aura été élu, au terme d'une présidentielle dont le premier tour est prévu les 23 et 24 mai.