Pour la première fois, il y a plus de super-riches en Asie du Sud-Est que partout ailleurs dans le monde constate Citigroup. La Chine et l’Inde sont les grands gagnants de cette évolution.
Nouvel indice de la montée en puissance économique de l’Asie : il y a dorénavant plus de super-riches dans cette région qu’en Amérique ou en Europe. Il y avait, en 2011, 18 000 personnes qui gagnaient plus de 100 millions de dollars par an en Asie du Sud-Est et au Japon, contre 17 000 en Amérique et 14 000 sur le Vieux Continent, constate la banque américaine Citigroup dans son rapport annuel sur la répartition des richesses dans le monde, rendu public mercredi 28 mars. C'est la première fois que cette région s’installe sur la première marche des grandes fortunes dans ce document de référence établi tous les ans depuis le début des années 1980 .
La Chine, deuxième puissance économique mondiale derrière les États-Unis, n’est pas le pays asiatique où le nombre de super-riches a le plus progressé l’année dernière. Avec une augmentation de 106% sur un an de ces “centa-millionnaires”, comme les appelle Citigroup, la Chine arrive en fait derrière l’Inde (+114% en 2011). “Si la Chine va prendre la place des États-Unis comme première puissance économique, en 2050 se devrait être le tour de l’Inde”, souligne Citigroup dans son étude. A eux deux, ces deux géants asiatiques représentent plus de la moitié de tous les super-riches de la région.
“Cette progression symbolise bien la vitesse du développement en Chine et en Inde”, note Thomas Vendryess, économiste spécialiste de la Chine à l’université Paris-Sud contacté par FRANCE 24. Il juge que l’explosion des très grandes fortunes est aussi liée, en Chine surtout, à la mainmise du gouvernement sur l’économie. “C’est le régime qui choisit ceux qui vont avoir le droit de profiter des nouvelles opportunités ce qui fait que les heureux élus remportent vraiment le jackpot”, raconte-t-il.
Troubles sociaux
Tous ces nouveaux riches devraient permettre un développement rapide de l’”industrie de la passion”, note Citigroup. “Les investissements dans les domaines de l’art, du vin ou encore du sport vont croitre très rapidement”, écrivent ces banquiers qui y voient une opportunité pour les entreprises spécialisées dans ce secteur.
Mais cette nouvelle géographie de la richesse n’est pas porteuse que de bonnes nouvelles. “La Chine et l’Inde sont deux pays asiatiques où développement économique rapide a rimé avec creusement des inégalités”, souligne Thomas Vendryess qui rappelle que la croissance au Japon et en Corée du Nord avait été beaucoup plus égalitaire.
“Le niveau de tolérance des populations [en Chine et en Inde ndlr] à l’égard de cette caste économique baisse à mesure que le nombre des très grosses fortunes augmente”, prévient Thomas Vendryess. Il ne pense pas, cependant, que cette multiplication des “centa-millionnaires” peut être un danger pour les régimes en place. “La fortune de ces personnes dépend à ce point du régime, notamment en Chine, que si les autorités jugent qu’ils posent un risque social ils peuvent facilement les priver d’une grande partie de leurs rentrées d’argent”, conclut-il.