
Réunis à Bagdad, les ministres arabes des Affaires étrangères doivent présenter ce jeudi un nouveau plan de sortie de crise en Syrie. Un projet a minima qui ne prévoit ni le départ de Bachar al-Assad, ni l'armement des rebelles.
AFP - Les dirigeants arabes se sont réunis en sommet jeudi à Bagdad pour marquer leur appui au peuple syrien, sans demander toutefois le départ du président Bachar al-Assad qu'ils ont banni de leur réunion.
Au même moment, les forces syriennes attaquaient des villes rebelles, le régime de Damas ayant d'ores et déjà indiqué qu'il rejetterait toute nouvelle initiative émanant du sommet de la Ligue arabe.
Un obus de mortier s'est abattu à proximité du lieu du sommet en dépit de mesures de sécurité exceptionnelles. L'explosion s'est produite près de l'ambassade d'Iran, au centre de Bagdad, sans faire de victime, a affirmé un officier de police à l'AFP. Des jihadistes irakiens avaient appelé il y a deux jours à "frapper le quartier général du sommet arabe" sur leur site internet.
Le sommet avait officiellement débuté peu auparavant par la récitation de sourates du Coran. Le discours d'ouverture a été prononcé par le président du Conseil national de transition libyen (CNT) Moustapha Abdeljalil, dont le pays assurait jusqu'ici la présidence tournante de Ligue.
Sa présence est le résultat de la vague révolutionnaire qui a touché le monde arabe, puisque le dernier sommet arabe à Syrte (Libye) en 2010, était présidé par le colonel Mouammar Kadhafi, déchu et tué depuis.
Neuf des 21 chefs d'Etat arabes conviés à la réunion (la Syrie en a été exclue en raison de la répression) ont répondu présents, tandis que pour marquer leur irritation, les deux pays les plus radicaux sur la question syrienne, l'Arabie saoudite et le Qatar, n'ont envoyé que des responsables de second rang.
Cette réunion, qui officialise le retour de l'Irak dans la famille arabe, est aussi marquée par la venue historique de l'émir du Koweït, plus de vingt ans après l'invasion de son pays par les troupes de Saddam Hussein, le dictateur exécuté fin 2006.
Dans la "déclaration de Bagdad", dont l'AFP a obtenu une copie et qui doit être adoptée par les chefs arabes, ils soutiennent "le légitime désir de liberté et de démocratie du peuple syrien qui souhaite choisir son avenir, et appuient un transfert pacifique de l'autorité".
"Ils dénoncent les violences, les meurtres et l'effusion de sang, se prononcent en faveur d'une solution politique par des négociations nationales, refusent l'ingérence étrangère dans la crise syrienne".
Ils appuient "la mission de Kofi Annan pour entamer des négociations politiques entre le gouvernement et l'opposition syriens sur la base de l'initiative" approuvée par le Conseil de sécurité et la Ligue arabe.
Le plan de paix présenté par l'émissaire ONU-Ligue arabe Kofi Annan prévoit notamment la cessation des violences par toutes les parties, la fourniture d'aide humanitaire et la libération des personnes détenues arbitrairement.
Les pays arabes apparaissent divisés sur la Syrie: les pays du Golfe, en particulier l'Arabie saoudite et le Qatar, veulent armer l'opposition pour écarter Bachar al-Assad, tandis que d'autres privilégient la diplomatie, alors que les violences ont fait plus de 9.000 morts en un an, selon l'ONU.
L'armée syrienne poursuivait ses opérations contre les rebelles à travers le pays, violant ainsi, selon les Etats-Unis, les dispositions du plan Annan, que Damas aurait accepté selon l'ONU. La communauté internationale est de plus en plus sceptique sur ce dernier point, la France condamnant les "faux-semblant" et la poursuite de la répression à "l'arme lourde".
Au moins 11 civils syriens ont été tués jeudi dans des violences dans les provinces d'Idleb (nord-ouest), de Homs et de Hama (centre), où deux soldats ont également péri dans une attaque, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'ONG Human Rights Watch (HRW) a appelé dans un communiqué la Ligue arabe à appliquer strictement les sanctions qu'elle avait adoptées à l'encontre de la Syrie en novembre dernier afin de signaler qu'elle "ne relâchera pas sa pression sur la Syrie". Pour l'heure, déplore HRW, "de larges lacunes demeurent" dans l'application des sanctions.
Outre la Syrie, la Déclaration abordera aussi la question palestinienne, la Somalie et les armes nucléaires détenues par Israël.