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Arrivé vendredi soir sur le sol mexicain pour son premier voyage en terre latino-américaine hispanophone, le pape Benoît XVI, accueilli chaleureusement par ses fidèles, a appelé à combattre les cartels de la drogue qui ravagent le pays.

REUTERS - Le pape Benoît XVI est arrivé vendredi au Mexique, porteur d’un message de fermeté contre les cartels de la drogue dans un pays ébranlé par les violences.

L’avion de Benoît XVI a atterri à Leon, bastion catholique dans le centre du pays relativement épargné par les violences liées au trafic de drogue, qui ont fait plus de 46.000 morts depuis le déclenchement en 2006 d’une offensive militaire contre les narcotrafiquants.

Durant le vol, le pape a évoqué le thème de la drogue devant les journalistes qui l’accompagnaient, jugeant qu’il fallait faire « tout notre possible pour combattre ce mal destructeur contre l’humanité et notre jeunesse. »

« Il est de la responsabilité de l’Eglise d’éduquer les consciences, d’enseigner la responsabilité morale et de démasquer le mal, démasquer cette idôlatrie de l’argent qui asservit l’homme, démasquer les fausses promesses, les mensonges, la fraude qui se cachent derrière les drogues », a-t-il ajouté.

Benoît XVI, qui aura 85 ans en avril, est descendu lentement de l’appareil en se tenant à la rampe. Il a salué un groupe de jeunes enfants avant de s’adresser à la foule rassemblée à l’aéroport.

D’une voix sûre et calme, il a déclaré en espagnol être venu au Mexique en « pèlerin de la foi, de l’espoir et de l’amour ».

« Je prierai spécialement pour ceux dans le besoin, en particulier pour ceux qui endurent les souffrances provoquées par des rivalités anciennes et nouvelles, par les ressentiments et par toutes les formes de violence », a dit le pape.

Ce message pontifical est particulièrement attendu au Mexique, deuxième pays catholique du monde par le nombre de fidèles mais où l’Eglise romaine est en perte de vitesse face aux chrétiens évangélistes.

"Épreuves"

Les mots prononcés par Benoît XVI ont aussi dû résonner favorablement dans les oreilles de Felipe Calderon, venu l’accueillir. Le président mexicain a engagé les autorités dans une lutte sans merci contre les cartels de la drogue, ce qui a contribué à la flambée de violences.

L’incapacité du gouvernement à obtenir des résultats probants contre les narcotrafiquants menace cependant les chances du Parti d’action nationale (Pan) pour l’élection présidentielle de juillet.

Felipe Calderon, dont le Pan, formation conservatrice, est sensible aux thèmes portés par l’Eglise catholique, a déclaré à Benoît XVI que sa visite revêtait une importance particulière en cette période où le Mexique traverse de « nombreuses épreuves ».

« Le Mexique est victime, comme votre Sainteté le sait bien, de la violence impitoyable et cruelle du crime organisé », a dit le président mexicain dans son message de bienvenue, suivi par une prestation de danseurs et de musiciens traditionnels.

Des centaines de fidèles vêtus de blanc, dont de nombreux enfants autorisés à ne pas se rendre à l’école en cette journée particulière, se sont massés le long du trajet que devait emprunter le souverain pontife. Certains d’entre eux ont déployés une banderole sur laquelle on pouvait lire: « Pape, prie pour la fin des violences, prie pour que la paix revienne ».

Au cours de cette visite de trois jours, Benoît XVI va d’abord se reposer 24 heures pour récupérer du décalage horaire. Il rencontrera de nouveau samedi le président Felipe Calderon puis célébrera dimanche une messe en plein air à Leon, à laquelle sont attendus des centaines de milliers de fidèles.

Lundi, le pape s’envolera pour Cuba, seconde étape de ce déplacement en Amérique latine, où il compte encourager le régime communiste à progresser vers la démocratie et à accorder une place plus grande à l’Eglise catholique dans l’espace public.