
Une chasse à l'homme est lancée pour retrouver l'auteur de la fusillade qui a fait quatre morts lundi devant un collège juif de Toulouse. L'arme est la même que celle utilisée lors des récentes tueries de Toulouse et Montauban.
AFP - Une gigantesque chasse à l'homme a été déclenchée lundi pour retrouver le tueur au scooter qui, après l'assassinat probable de trois parachutistes, a froidement semé la mort dans une école juive de Toulouse et laissé le pays en état de choc en pleine campagne électorale.
Le traumatisme est assez considérable pour que, pour la première fois en France, le président Nicolas Sarkozy déclenche le niveau "écarlate" de Vigipirate et place la région Midi-Pyrénées en alerte maximale.
Et, fait exceptionnel, le président Sarkozy, venu sur les lieux du drame quelques heures après les faits, a annoncé dans la soirée à Paris suspendre sa campagne électorale au moins jusqu'à mercredi.
Après ce qu'il avait plus tôt qualifié de "tragédie nationale", M. Sarkozy a confirmé ce qui ne faisait plus guère de doute: l'homme au scooter qui a vidé ses armes automatiques sur le rabbin Jonathan Sandler (30 ans), ses deux enfants Gabriel et Arieh (4 et 5 ans) et sur Myriam Monsonego (7 ans) est le même que celui qui a exécuté avec détermination un parachutiste le 11 mars à Toulouse et deux autres jeudi à Montauban.
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Pour M. Sarkozy, comme pour la plupart des personnalités politiques et pour une communauté juive choquée qui n'avait rien connu de tel depuis la rue des Rosiers en 1982 à Paris (6 morts et 22 blessés), la motivation antisémite est "évidente".
L'auteur de cette tuerie, qui a suscité les condamnations internationales d'Israël à la Maison Blanche en passant par le Vatican, est désormais l'homme le plus recherché de France.
Entre 8H00 et 8H15 lundi, selon différents témoignages, le tueur casqué, sur un scooter de grosse cylindrée, a calmement garé son engin devant l'école juive Ozar-Hatorah dans un quartier résidentiel paisible proche du centre de Toulouse. Armé du même 11,43 (un gros calibre apprécié du grand banditisme) qui a servi les 11 et 15 mars, et d'un pistolet mitrailleur de type mini-Uzi, il a ouvert le feu sur le "rav" (enseignant de religion) Jonathan Sandler et ses enfants devant la grille de l'école.
L'une des armes s'est enrayée. Il a sorti l'autre, a poursuivi l'une de ses victimes dans la cour et l'a tuée d'une balle dans la tête, selon la responsable régionale du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), Nicole Yardeni. Selon des témoins, un autre élève a transporté la fillette à l'intérieur de la synagogue attenante où son propre père dirigeait la prière et l'a vue mourir.
Un adolescent de 17 ans a également été blessé. Puis le meurtrier s'est enfui sur son deux-roues.
"Il a tiré sur tout ce qu'il y avait en face de lui, enfants et adultes", a rapporté le procureur Michel Valet.
Dans la petite foule très éprouvée qui s'est massée dans la rue conduisant à l'école, il ne faisait aucun doute que la communauté juive était visée. Personne en revanche n'était capable d'établir un lien logique avec les deux autres attaques qui ont défrayé la chronique la semaine passée.
"On (a affaire à) deux pistes principales évidentes: la piste islamiste et l'ultra-droite", dit une source proche de l'enquête, sans écarter les autres.
Mais quel lien avec les attaques des 11 et 15 mars ? Il y a en tout cas une volonté de créer "un climat d'intimidation et de terreur", selon une source judiciaire, ce qui explique que le parquet de Toulouse ait été dessaisi et que le parquet antiterroriste parisien soit à présent en charge de ces affaires.
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Selon une source policière, tous les services de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) sont mobilisés, soit, concrètement 130 officiers de police judiciaire aidés de profileurs. Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a été dépêché à Toulouse et y restera aussi longtemps qu'il faudra, a dit M. Sarkozy.
"Que celui qui a fait cela sache que tout, absolument tout, sera mis en oeuvre pour le retrouver et pour qu'il ait à rendre des comptes", a dit M. Sarkozy sur place. "On va le retrouver", a-t-il promis.
L'attaque a brutalement mis entre parenthèses la campagne présidentielle. M. Sarkozy et le candidat socialiste François Hollande se sont succédé sur les lieux du drame. Le candidat centriste François Bayrou s'est également rendu à Toulouse.
Une minute de silence sera observée mardi à 11H00 dans toutes les écoles de France. A Toulouse, toutes les fêtes des prochains jours ont été annulées, y compris le carnaval.
"Il faut tout faire pour que les actes antisémites et le racisme amènent une réponse commune et ferme de toute la République", a déclaré M. Hollande.
En Israël, où les radios et télévisions ont interrompu leurs programmes, le porte-parole des Affaires étrangères s'est dit "horrifié" par les faits. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a envisagé la possibilité d'un acte "motivé par un antisémitisme violent et sanglant".
itLe Vatican a exprimé sa "profonde indignation".
Des consignes ont été données pour renforcer la sécurité autour de tous les lieux confessionnels en France, à commencer par les écoles juives.
Quatorze unités de CRS et de gendarmes mobiles sécuriseront Midi-Pyrénées "tant que ce criminel n'aura pas été mis hors d'état de nuire", a dit M. Sarkozy. Cependant, a-t-il martelé à Toulouse, "nous ne devons pas céder face à la terreur".
Une veillée funèbre était prévue dans la nuit à l'école auprès des dépouilles. Les quatre victimes ont la double nationalité franco-israélienne et seront enterrées en Israël, a-t-on appris auprès de proches et de sources officielles israéliennes.