Dans un rapport rendu public ce lundi, l'organisation de défense des Droits de l'homme dénonce l'absence d'enquête relative à la mort de 55 civils, dont 16 enfants, tués au cours de frappes de l'Otan en Libye entre mars et octobre 2011.
AFP - Amnesty International a appelé lundi l'Otan à enquêter sur la mort de "dizaines de civils" tués par erreur dans ses frappes aériennes l'année dernière en Libye et à dédommager les proches des victimes.
"Des enquêtes adéquates doivent être menées, et les victimes et leurs familles doivent être entièrement dédommagées", a insisté l'organisation de défense des droits de l'Homme, basée à Londres, dans un communiqué.
Amnesty cite 55 cas de civils - dont 16 enfants et 14 femmes - tués dans des frappes aériennes à Tripoli, Zliten, Majer (ouest), Syrte et Brega (est), pour la plupart dans le bombardement de leur domicile, sans qu'aucun élément n'indique une utilisation militaire des lieux au moment de l'attaque.
Plusieurs mois après la fin des opérations de l'Otan en Libye, ni l'Alliance ni les nouvelles autorités libyennes n'ont pris contact avec les victimes, dénonce Amnesty, en se basant sur des témoignages recueillis en janvier et février.
"Il est profondément décevant de constater que plus de quatre mois après la fin de la campagne militaire, les victimes et les proches des personnes tuées par des frappes aériennes de l'Otan ne savent toujours pas ce qui s'est passé et qui est responsable", a déploré Donatella Rovera, conseillère spéciale d'Amnesty International.
L'Otan doit enquêter pour déterminer si les morts de civils ont résulté d'infraction au droit international, et traduire les responsables en justice si c'est le cas, a affirmé Amnesty.
Les frappes de l'Otan, menées à partir de mars 2011 dans le cadre d'une résolution de l'ONU destinée à protéger les civils de la répression menée par les forces de Mouammar Kadhafi, ont joué un rôle clé dans la chute du régime.
Mais elles ont creusé un fossé au sein du Conseil de sécurité, où la Russie, la Chine, l'Afrique du Sud et l'Inde ont estimé qu'elles allaient nettement au-delà du mandat de l'ONU tandis que les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne assuraient qu'elles étaient légales et sauvaient des vies.