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Hamid Karzaï demande aux forces de l'Otan de quitter les villages afghans

Le président afghan a enjoint aux forces de sécurité internationales de quitter les villages après le massacre des 16 civils à Kandahar par un soldat américain. Les Taliban ont, eux, suspendu leurs pourparlers de paix avec les États-Unis.

REUTERS - Le président afghan, Hamid Karzaï, a demandé jeudi aux forces sous commandement de l’Otan de quitter leurs avant-postes dans les villages afghans après le massacre de seize civils dimanche par un militaire américain. 

Dans un communiqué diffusé pratiquement au même moment, les taliban ont annoncé la suspension de leurs pourparlers de paix avec les Etats-Unis, dénonçant le manque de clarté de la position américaine. 

L’armée américaine a de son côté défendu la décision de transférer l’auteur de la tuerie de Kandahar hors d’Afghanistan, vers un centre de détention au Koweït, malgré la volonté des Afghans de le voir jugé dans leur pays.

Pour Hamid Karzaï, qui a rencontré à Kaboul le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, « les forces de sécurité internationales doivent être retirées des avant-postes dans les villages et retourner dans leurs bases ».

Les Etats-Unis ont relativisé l’importance de cet appel du président afghan, affirmant qu’aucun changement dans le calendrier de retrait n’était pour l’instant à l’ordre du jour et que Kaboul ne réclamait pas le départ immédiat des soldats américains.

« Un plan de transition concernant la sécurité a été établi

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et il n’y a pas de raison que le calendrier soit modifié aujourd’hui. Le président Karzaï n’a pas demandé que l’agenda actuel soit modifié (lors de la réunion) », a déclaré un haut responsable du ministère américain de la Défense, qui accompagnait Panetta et n’a pas souhaité être nommé.

L’auteur de la tuerie de Kandahar, dans le Sud, appartenait à une unité des forces spéciales implantée dans une zone isolée, similaire à beaucoup d’autres établies dans le cadre de la stratégie menée contre l’insurrection islamiste.

Leon Panetta achevait une visite de 48 heures en Afghanistan pour tenter de limiter les conséquences du massacre de Kandahar, qui a soulevé de nouvelles questions quant à la pertinence de l’engagement occidental en Afghanistan.

Mercredi, le chef du Pentagone a déclaré aux troupes américaines que rien ne devait les détourner de leur mission tandis qu’à Washington, Barack Obama assurait que la stratégie américaine résisterait à l’impact de cette tuerie.

"Respecter les promesses"

Il s’est montré très satisfait de sa rencontre avec le président Hamid Karzaï lors d’une conférence de presse organisée jeudi matin. Des responsables américains ont déclaré par ailleurs que, malgré quelques désaccords, les deux pays restaient alignés sur la même stratégie.

Le président américain, qui entend retirer progressivement l’ensemble des troupes américaines combattantes d’ici fin 2014, doit présider les 20 et 21 mai à Chicago un sommet de l’Otan consacré à l’élaboration d’un plan de réduction progressive des troupes engagées en Afghanistan et à l’organiser du transfert de la sécurité à l’armée afghane.

Mais l’annonce par les taliban du gel de leur participation aux pourparlers de paix est un nouveau coup dur pour les Américains, qui espéraient au contraire élargir les discussions exploratoires en cours.

Le soldat américain a craqué après la blessure d'un camarade

AFP - Le soldat américain accusé d'avoir tué 16 villageois afghans a craqué après qu'un de ses camarades eut été grièvement blessé à côté de lui, a déclaré jeudi soir son avocat.

Il était déjà dans des conditions de stress particulièrement fortes, se trouvant dans "cette petite base de 20 personnes, au milieu de nulle part", et parce qu'il avait été envoyé en Afghanistan, après trois missions en Irak, alors qu'on "lui avait promis qu'il ne serait plus envoyé à l'étranger", a ajouté l'avocat, John Henry Browne.

Le communiqué en anglais des insurgés a été diffusé au moment où Leon Panetta quittait le pays.

« L’Emirat islamique a décidé de suspendre toutes les discussions avec les Américains qui ont lieu au Qatar (à partir de jeudi) tant que les Américains n’auront pas clarifié leur position et affiché leur volonté de respecter leurs promesses plutôt que de perdre du temps », peut-on lire dans ce document.

Les taliban ont ajouté que des discussions avec le gouvernement afghan n’avaient pas lieu d’être.

L’armée américaine a parallèlement justifié l’envoi au Koweït de l’auteur de la tuerie de Kandahar.

Le général Curtis Scaparrotti, numéro deux dans la chaîne de commandement en Afghanistan, a expliqué que cette mesure permettrait au militaire, qui s’est rendu après avoir abattu seize civils afghans, en majorité des femmes et des enfants, de bénéficier d’une instruction et d’un procès équitables.

Le général a assuré que le gouvernement afghan avait été informé de son transfert. Les proches des villageois massacrés et le Parlement afghan réclament que le soldat américain soit jugé en Afghanistan. Le président Karzaï s’est borné à demander un procès public.

Le général Scaparrotti a par ailleurs annoncé la mort d’un Afghan qui avait tenté d’attaquer mercredi des Marines sur la base de Camp Bastion, dans la province de Kandahar, au moment de l’arrivée sur place du chef du Pentagone.

L’officier a dit douter que cet homme ait été au courant de la venue de Leon Panetta, même s’il avait clairement l’intention de faire des victimes. Il semble qu’il transportait avec lui une sorte de jerricane contenant de l’essence.
 

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