Trois membres du Conseil national syrien (CNS) ont présenté leur demission, invoquant des divergences au sein de la coalition. Le manque d'unité au sein de l'opposition est vivement critiqué par les militants et la communauté internationale.
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AFP - Trois personnalités du Conseil national syrien (CNS) ont annoncé avoir présenté leur démission, révélant au grand jour les divergences au sein de cette principale coalition de l'opposition.
La démission des opposants Haitham al-Maleh et Kamal al-Labwani et de la militante pour les droits de l'Homme Catherine al-Telli, annoncée sur leur page Facebook, intervient au moment où l'opposition est critiquée par les militants et la communauté internationale pour son manque d'unité.
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Un responsable du CNS contacté par l'AFP a confirmé sous couvert de l'anonymat leur démission pour "divergences avec le Conseil".
M. Labwani s'en est violemment pris au CNS, estimant que les trois personnalités démissionnaires ne voulaient plus être "complices du massacre du peuple syrien à travers les atermoiements, la tricherie, les mensonges, la surenchère et la monopolisation des décisions".
Il a même accusé le CNS, privilégié par les pays occidentaux et arabes comme interlocuteur de l'opposition, d'être "lié à des agendas étrangers qui cherchent à prolonger la bataille en attendant que le pays soit entraîné dans une guerre civile".
Joint par téléphone par l'AFP, il a accusé Burhan Ghalioun, chef du CNS de "s'accrocher à sa chaise comme Bachar al-Assad", le président contesté dont les forces répriment dans le sang la révolte populaire, et d'adopter un comportement "anti-démocratique" sans "élections ou transfert du pouvoir".
"Il ne supporte pas la critique, comme Bachar al-Assad. Si on s'oppose à lui, il dit qu'on est avec le régime", a-t-il affirmé, ajoutant qu'il menaçait de "démissionner à chaque fois qu'est abordée la question d'élire un autre président que lui à la tête du Conseil".
Il a en outre reproché aux Frères musulmans, qui font partie du CNS, de détourner les fonds financiers et les moyens du CNS, notamment des armes, pour "bâtir leur propre base populaire".
M. Maleh a justifié de son côté sa décision en évoquant "le manque d'harmonie" au CNS ainsi que "le monopole des opinions par Burhan Ghalioun".
Mme Telli a dénoncé l'"inefficacité" du Conseil "à cause de certaines personnalités et courants politiques".
Les trois personnalités avaient déjà annoncé fin février la création au sein du CNS d'un groupe de travail pour la "libération de la Syrie", critiquant l'inaction du Conseil.
Le CNS est critiqué pour ne pas assez coordonner son action avec les militants sur le terrain, d'avoir tardé à se prononcer pour l'armement des rebelles qui combattent les forces du régime depuis des mois et pour la grande influence des Frères musulmans sur le conseil.
La fragmentation de l'opposition est l'une des principales causes avancées par les pays occidentaux pour justifier leur réticence à armer l'Armée syrienne libre (ASL).
Mardi, le Qatar, pays critique du régime de Damas, a appelé les pôles de l'opposition à mettre de côté leurs divergences et "se concentrent sur la manière d'aider leurs frères à l'intérieur" de la Syrie.
Créé en août 2011 à Istanbul, le CNS, qui réclame le départ de M. Assad, apparaît comme le plus large et le plus représentatif des groupes hostiles au régime. Composé de 230 membres, dont près d'une centaine vivent en Syrie, il est une coalition des plus importants partis de l'opposition partagée entre islamistes, libéraux et nationalistes.