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À la veille de l'échéance de ce jeudi, plusieurs créanciers privés ont annoncé leur volonté de participer au processus d'échange de dette grecque, envoyant un message favorable sur l'opération qui éviterait à la Grèce un défaut de paiement.

REUTERS - Les grandes institutions bancaires et les fonds de pensions sont de plus en plus nombreux à signaler leur intention de participer au processus d’échange de dette grecque, ce qui augmente les chances de succès de cette opération vitale pour éviter à la Grèce un défaut de paiement.

Alors que l’offre d’échange doit expirer ce jeudi à 20h00 GMT, les ralliements annoncés mercredi permettent d’approcher la proportion minimum des deux tiers des titres apportés, nécessaire à la poursuite de la procédure d’échange.

Selon un responsable du ministère des Finances, la proportion de titres apportés par les créanciers privés devrait dépasser « de loin » 75%.

Des banques et fonds représentant 40,8% des 206 milliards d’euros de dette grecque en circulation, ont dit mercredi qu’ils prendraient part à l’échange, s’ajoutant aux autres établissements ayant déjà fait part d’intentions similaires.

Au total, banques, assureurs et autres caisses de retraites détenant des obligations grecques d’une valeur d’environ 120 milliards d’euros ont déjà déclaré qu’ils participeraient.

Ainsi, le Crédit agricole a annoncé mercredi sa décision de participer. BNP Paribas et la Société générale ont indiqué lundi qu’elles participeraient à l’opération.

Mais certains fonds spéculatifs, et plusieurs caisses de retraites grecques ont fait connaître leur opposition.  (voir )

L’échange des titres de dette contre de nouveaux titres d’une valeur moindre est indispensable au déblocage par le Fonds monétaire international et l’Union européenne de l’aide de 130 milliards d’euros approuvée le mois dernier.

La décision de débloquer cette doit être prise vendredi lors d’une conférence téléphonique organisée entre ministres des Finances de la zone euro.

Si Athènes ne reçoit pas de fonds avant le 20 mars, la Grèce ne sera pas en mesure d’honorer 14,5 milliards d’euros de dettes arrivant à échéance et fera défaut.

Mercredi soir, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn a demandé aux investisseurs de participer à l’offre, en laissant entendre qu’il ne servait à rien de tergiverser, qu’ils n’obtiendraient pas mieux.
Pas de boule de cristal

La perte que doivent enregistrer les investisseurs en échangeant leurs anciens titres contre des nouveaux est de 53,5% en termes nominaux. En terme de valeur nette actuelle, la décote sera en fait de 73 à 74%.

« Il est important que tous les investisseurs reconnaissent que l’Europe a engagé le maximum de fonds disponible pour cette offre d’échange volontaire et qu’une pleine participation est nécessaire pour que le programme grec se poursuive », a déclaré Olli Rehn dans un communiqué.

« C’est pourquoi j’encourage des investisseurs grecs, européens et internationaux à participer volontairement à cette opération PSI (Private Sector Involvement) selon les termes décidés le 21 février », a ajouté le commissaire. 

Bien que la plupart des grands créanciers de la Grèce aient accepté de participer à l’échange, plusieurs grands banquiers et responsables politiques ne veulent pas crier victoire trop tôt.

« Sur la question de l’accord avec le secteur privé, je n’ai pas de boule de cristal », a déclaré le ministre néerlandais des Finances Jan Kees de Jager.

« Je ne peux le prédire avec certitude. Mais je le répète, c’est pour nous une condition (au déblocage de l’aide) », a-t-il poursuivi.

Dans un entretien accordé au journal Le Monde daté de jeudi, Jean Lemierre, représentant des créanciers privés d’Athènes et conseiller du président de BNP Paribas Baudouin Prot, dit estimer que le résultat de l’opération est incertain.

« Il n’est pas possible d’être sûrs de l’issue d’un tel processus (...). Mais le succès de l’offre est dans l’intérêt de tous. De la Grèce bien sûr, de la zone euro, mais aussi des créanciers privés. »

Si le seuil des deux tiers de titres apportés est franchi, le gouvernement grec a fait savoir qu’il imposerait des clauses d’actions collectives (Cac) qui lui permettront d’imposer l’accord à tous les détenteurs d’obligations.

Sur les 206 milliards d’euros de dette grecque en circulation, seuls 177 milliards relèvent du droit grec et peuvent à ce titre être concernés par une clause d’action collective.