Selon l’hebdomadaire "Der Spiegel", quatre dirigeants européens se sont mis d'accord pour boycotter François Hollande, candidat PS à la présidentielle. Une information qui "n'impressionne pas" l'intéressé. Berlin dément un tel accord.
C’est le magazine allemand "Der Spiegel" qui l’affirme dans son édition du 5 mars : un trio de dirigeants européens, comprenant la chancelière allemande, Angela Merkel, le président du Conseil italien, Mario Monti, et le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, se serait mis d’accord pour ne pas recevoir François Hollande, candidat socialiste à la présidentielle française. Motif invoqué : la volonté affichée par ce dernier de renégocier le pacte budgétaire européen. Les trois dirigeants auraient été rejoints par le Premier ministre britannique, David Cameron, qui n’a pourtant pas signé le traité.
Après Berlin dimanche, Londres, Madrid et Rome ont démenti lundi l'hypothèse d'un front conservateur européen anti-Hollande.
"Je peux confirmer que je ne fais pas partie d'un quelconque pacte secret", a déclaré M. Cameron, en réponse à une question d'un député, devant la Chambre des Communes.
"Que j'ai pu dire que je ne recevrai pas M. Hollande, cela est faux", a également clamé M. Rajoy lors d'une conférence de presse. Il a toutefois exprimé implicitement son soutien à M. Sarkozy: "Tout le monde sait qui je veux voir gagner les élections, parce que nous militons dans le même parti."
L'article de Der Spiegel est "complètement fantaisiste", ont indiqué à l'AFP des sources gouvernementales italiennes, "Mario Monti n'appartenant à aucun parti politique, il se garde bien de se mêler de politique italienne, encore moins de la politique d'autres pays".
Dans un entretien paru dans l'édition dominicale du quotidien allemand "Die Welt", mais réalisé avant la publication des informations du "Spiegel", le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, avait appelé la classe politique allemande à ne pas s'immiscer dans la campagne présidentielle française.
Hollande "pas impressionné"
En France, la polémique enfle, notamment au Parti socialiste (PS) où les réactions sont vives. Pierre Moscovici, directeur de campagne de François Hollande, a qualifié dimanche sur RTL cette attitude de "pression conservatrice inédite dans l’histoire de l’Europe", la jugeant "tout à fait fâcheuse et préoccupante".
"Elle ne m’impressionne pas, cette information […] Qu'il y ait une alliance des conservateurs pour le candidat conservateur en France, c'est bien naturel", a déclaré pour sa part le député de Corrèze. Depuis décembre, le candidat socialiste s'est rendu en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni, sans rencontrer les chefs de gouvernement des trois pays.
Berlin a nié, dimanche, l'existence d'un tel accord. "Chaque chef de gouvernement européen choisit indépendamment si et comment il souhaite recevoir M. Hollande, a déclaré une porte-parole du gouvernement allemand. En Allemagne, il n'y a pour le moment aucun rendez-vous de prévu avec la chancelière Angela Merkel." Commentaire de François Hollande, après le démenti : "J’ai l’impression que la position de Mme Merkel, très en soutien de Nicolas Sarkozy, créé un débat y compris dans sa propre majorité".
La renégociation des traités européens en cause
La porte-parole de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, a jugé dimanche "ridicule" que le candidat du PS François Hollande "essaie d'imaginer un complot" des dirigeants européens contre lui. "Je crois surtout que François Hollande a un problème de crédibilité en Europe, de crédibilité sur la scène internationale et il se cherche un responsable", a jugé l’ancienne ministre de l’Écologie sur Canal +. Pour sa part, le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a estimé sur les ondes de Radio J que "le problème c'est que peut-être dans un certain nombre de pays on commence à en avoir assez de l'arrogance du Parti socialiste qui leur dit qu'on va renégocier les traités".
Pour sa part, François Hollande a réaffirmé que, s’il était élu en mai, ces dirigeants européens seraient ses "partenaires" et qu’il aurait "à cœur de les convaincre d'ajouter une dimension de croissance aux traités européens". Le favori dans les sondages s’est efforcé de souligner que le peuple français était souverain : "Ce ne sont pas des dirigeants européens, que je respecte par ailleurs, qui doivent peser sur la décision du peuple français […] Nous sommes une grande nation, un grand pays, qui ne se fait pas commander ses choix par des chefs d'État et de gouvernement amis mais extérieurs à notre démocratie."