
Le ministre français de l'Intérieur, Claude Guéant, a déclaré que le vote des étrangers aux élections locales risquerait de "rendre obligatoire la nourriture halal" dans les cantines. Le socialiste Manuel Valls dénonce une "provocation".
AFP - La gauche a vivement réagi samedi aux propos de Claude Guéant qui, la veille, lors d'une réunion politique avait jugé qu'accepter le vote des étrangers aux élections locales risquait de conduire à "rendre obligatoire la présence de nourriture halal" dans les cantines.
Après avoir dénoncé une "provocation" d'un "ministre à la dérive", le porte-parole du candidat PS à la présidentielle François Hollande, Manuel Valls, a fustigé sur Europe 1 des "propos nauséabonds mais qui sont à l'image de la campagne de Nicolas Sarkozy".
"Claude Guéant est coutumier de propos accusatoires à l'égard des étrangers, mais cette fois-ci, il s'est surpassé", renchérit le sénateur-maire PS de Dijon François Rebsamen, qui accueillait samedi dans sa ville François Hollande pour un meeting.
Le candidat Modem François Bayrou a dénoncé lui "un leurre qui vise à exciter la France et à exciter les peurs", France Terre d'Asile "la quête pathétique d'un ministre qui oublie les devoirs de sa charge, espérant faire bénéficier son camp de transfert de voix de quelques extrémistes".
Le PRG a dénoncé des "amalgames", le PCF des propos "imbéciles et xénophobes", tandis que pour Olivier Besancenot (NPA), "Claude Guéant est en train de lire un prompteur écrit par Marine Le Pen".
Dans l'entourage du ministre, on s'étonnait de cette controverse, expliquant que Claude Guéant avait dit "la même chose, quasiment dans les mêmes termes lors du débat au Sénat" à l'automne lors de la proposition de loi socialiste sur le vote des étrangers.
"Devant des militants, il alertait sur les dangers du communautarisme. C'est sa conviction d'homme politique", insistait-on.
Vendredi soir, à Velaine-en-Haye, en Meurthe-et-Moselle, Claude Guéant, sous les applaudissements, a déclaré: "Nous ne voulons pas que des conseillers municipaux étrangers rendent par exemple obligatoire la présence de la nourriture halal dans les repas des cantines".
Il a également évoqué son opposition à "des réglementations des horaires de piscine (...) contraires à nos principes de mixité" ou au fait que certaines accepteraient "le port de maillots de bain de style burqa".
Quelques années après avoir laissé ouverte la porte au droit de vote des étrangers aux élections locales, Nicolas Sarkozy y est désormais opposé, comme il l'avait expliqué début février au Figaro Magazine: "Faut-il des cantines scolaires halal ? Des piscines réservées aux femmes ? Est-ce cela que nous voulons ? Ma réponse est non".
Depuis son arrivée place Beauvau il y a un an, des propos de Claude Guéant sur l'islam ont régulièrement suscité la controverse.
Fin février, il avait expliqué sa conviction que "toutes les civilisations ne se valent pas". Il avait ensuite expliqué "ne viser aucune culture", choisissant toutefois dans l'islam ses exemples pour illustrer ses propos (prières de rue et voile intégral).
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) lui avait publiquement demandé des éclaircissements, expliquant que de nombreux fidèles s'étaient "sentis visés par ces déclarations".
Au printemps 2011, à la veille du débat controversé de l'UMP sur la laïcité, Claude Guéant avait dit: "C'est vrai que l'accroissement du nombre des fidèles de cette religion et un certain nombre de comportements, posent problème."
A la même période, il avait également été critiqué pour s'être félicité que Nicolas Sarkozy ait "pris la tête de la croisade" pour mobiliser la communauté internationale dans le conflit libyen.
Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait regretté l'emploi d'"expressions très déplacées telle que croisade", tandis que le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé évoquait une "maladresse".