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La Serbie décroche le statut de candidat à l'Union européenne

Les dirigeants européens ont convenu jeudi d'octroyer à la Serbie le statut officiel de candidat à une adhésion au sein de l'Union. Cette décision intervient après que Belgrade a trouvé un accord avec le Kosovo sur plusieurs dossiers.

AFP - La Serbie a obtenu jeudi, plus de deux ans après avoir frappé à la porte de l'UE, le statut convoité de candidat à l'adhésion de la part de Bruxelles, soucieux de récompenser Belgrade pour ses efforts de conciliation avec le Kosovo et l'arrestation de Ratko Mladic.

"Les pays de l'Union européenne ont décidé d'octroyer à la Serbie le statut de candidat", a annoncé le président de l'UE, Herman Van Rompuy, à l'issue de la première journée d'un sommet européen. Il fallait l'unanimité des Vingt-Sept pour donner ce précieux sésame attendu avec impatience par le président serbe Boris Tadic.

"Il s'agit d'une avancée historique", a estimé un diplomate européen, en rappelant qu'il y a treize ans la Serbie était le théâtre de bombardements de l'Otan lors de la guerre du Kosovo.

A son arrivée à Bruxelles, le président roumain Traian Basescu avait levé les derniers doutes sur le feu vert de l'UE, en annonçant qu'il levait son objection à l'octroi du statut à Belgrade, un compromis ayant été trouvé avec les Serbes.

Cet accord garantit notamment que les droits de la minorité roumaine vivant en Serbie, évaluée à quelque 30.000 personnes, soient bien protégés. Il prévoit aussi de veiller au sort de la minorité serbe vivant en Roumanie.

La défense de la minorité roumaine de Serbie avait été brandie mardi par Bucarest pour justifier son objection. Et la Roumanie était le dernier pays de l'UE à avoir encore des réserves pour la décision arrêtée par Bruxelles.

La Commission européenne s'est engagée de son côté à suivre de très près "la mise en oeuvre" de la législation serbe de protection des droits de cette minorité, dans le cadre des discussions à venir avec Belgrade.

Le statut de candidat officialisé, le chemin reste encore long avant que la Serbie intègre l'Union.

Belgrade doit attendre désormais que les négociations d'adhésion s'ouvrent effectivement, ce qui ne sera pas forcément une formalité, puis qu'elles aboutissent. Dans le meilleur des cas, la Serbie peut espérer rejoindre l'Union d'ici la fin de la décennie.

Depuis Belgrade, le président Tadic, s'est réjoui en rappelant que "les citoyens de Serbie ont porté le plus lourd fardeau des réformes menées pour que notre pays se transforme en une société démocratique dans laquelle les droits de l'Homme et des minorités sont respectés, et les valeurs européennes confirmées".

Depuis son élection en juin 2004, M. Tadic, un pro-européen, n'a eu de cesse de raccrocher son pays à l'UE.

C'est sous son impulsion qu'en 2011 ont été arrêtés en Serbie Ratko Mladic, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, et Goran Hadzic, ancien responsable des Serbes de Croatie. Les deux hommes ont été remis au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) après avoir vécu cachés pendant de nombreuses années.

Mais les tergiversations des Européens ont émoussé l'enthousiasme des Serbes.

En décembre dernier, le vice-Premier ministre serbe, Ivica Dacic, observait que la communauté internationale avait imposé au fil des années de nouvelles conditions à la Serbie pour sa progression vers l'intégration européenne, alors qu'en 2000, date de la chute de Slobodan Milosevic, elle ne demandait que le départ de l'ancien président yougoslave.

Jusqu'au feu vert de jeudi, des diplomates européens craignaient que les élections législatives serbes prévues en mai ne renforcent les partis nationalistes anti-européens en cas de nouvelle rebuffade de l'UE.

Des six ex-républiques yougoslaves, seule la Slovénie a rejoint l'Union (en 2004). La Croatie doit devenir le 28e Etat de l'UE en juillet 2013.

Le Monténégro et la Macédoine ont obtenu le statut de candidat mais attendent toujours l'ouverture des négociations d'adhésion. Pour sa part, la Bosnie-Herzégovine, en proie à d'incessantes querelles politiques, n'a pas encore présenté auprès de Bruxelles de demande pour obtenir le statut de candidat.

Quant au Kosovo, l'UE a ouvert la porte jeudi à un prochain accord d'association avec lui, première étape vers une possible adhésion un jour.