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Au moins trois personnes ont été tuées lors d'un attentat-suicide dans une église, ce dimanche, à Jos, dans le centre du Nigeria. Le pays est secoué quasi quotidiennement par des attaques attribuées à la secte islamiste Boko-Haram.

AFP - Un kamikaze a pénétré dimanche au volant d'une voiture piègée dans une église chrétienne de Jos, dans le centre du Nigeria, tuant trois personnes en plein office, ont déclaré à l'AFP responsables religieux et témoins.

Il s'agit du dernier attentat en date dans le pays le plus peuplé d'Afrique, secoué quasi quotidiennement par des attaques, attribuées pour la plupart au groupe islamiste Boko Haram.

Des fidèles ont raconté que la voiture avait forcé le portail de l'église lors de l'office du matin.

"Nous étions dans l'église pour l'office quand un kamikaze en voiture a forcé le passage à travers la porte, puis dans l'église et a fait exploser la bombe", a indiqué le révérend John Haruna, de l'Eglise du Christ du Nigeria (COCIN).

Un autre fidèle membre d'une organisation chrétienne de défense des droits de l'homme, la Stefanos Foundation, a fourni un témoignage similaire.

"C'était un attentat suicide. L'auteur a pénétré en voiture dans l'église, il s'est approché de la chaire et ça a explosé. Trois fidèles sont morts et dix ont été blessés", a rapporté Mark Lipdo.

Il a ajouté que des lambeaux de chair humaine jonchaient l'église et que des dizaines de voitures alentour avaient été détruites.

Ezekiel Gomos, qui a été blessé à la tête, a précisé que l'office avait commencé depuis 30 minutes quand il a vu une voiture noire franchir le portail de l'église. "Le poseur de bombe roulait à toute allure et nous avons entendu une énorme explosion et tout est devenu noir".

Il a estimé que l'église, qui contient 800 sièges, était remplie à 80% à ce et que les victimes faisaient partie des derniers arrivants.

"S'il avait pénétré plus loin dans l'église il aurait pu faire plus de dégâts, mais Dieu veillait", a ajouté M. Gomos à son retour de l'hôpital où il avait été soigné.

La police n'était pas joignable dans l'immédiat.

Les attentats en progression dans le centre du pays

Boko Haram a lancé des attaques similaires au cours des derniers mois dans le nord et le centre du Nigeria, accroissant l'instabilité dans ce pays premier producteur de pétrole d'Afrique.

Les attentats se multiplient dans le centre situé entre le nord déshérité et majoritairement musulman, et le sud, où se trouve le pétrole, et qui est lui à dominante chrétienne.

Les islamistes veulent restaurer le califat islamique et imposer la charia au Nigeria, et à ses 160 millions d'habitants.

Des églises chrétiennes ont été visées à plusieurs reprises. Un spectaculaire attentat revendiqué par Boko Haram avait fait 44 morts le matin de Noël dans une église catholique du centre du Nigeria près de la capitale Abuja.

Dimanche dernier plusieurs personnes ont été blessées dans une explosion près d'une église de la banlieue d'Abuja.

Boko Haram a longtemps concentré ses actions dans le nord-est, principalement à Maiduguri, son fief. Mais le groupe a élargi son champ d'opération en même temps que ses assauts sont devenus de plus en plus sophistiqués et meurtriers.

Vendredi, des militants islamistes avaient attaqué un poste de police après avoir échoué à pénétrer dans une prison, à Gombe, dans le nord-est, tuant une douzaine de personnes.

D'autres violences se sont produites le même jour à Kano, la grande métropole du nord, où des hommes suspectés d'appartenir à Boko Haram ont abattu cinq fidèles d'une mosquée, dont le chef d'une milice locale financée par le gouvernement.

Kano avait été secouée le 20 janvier par une série d'attaques spectaculaires revendiquées par Boko Haram qui ont fait au moins 185 morts.

Le groupe s'est aussi attribué la responsabilité de l'attentat suicide contre le siège des Nations unies à Abuja en août 2011 (25 tués).