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Damas reçoit le soutien militaire de l'Iran et renforce ses troupes à Homs

L'Iran a envoyé deux navires de guerre en Syrie pour soutenir militairement le régime de Bachar al-Assad qui, au même moment, renforçait ses troupes dans la ville de Homs pour porter un coup fatal aux groupes rebelles.

AFP - Le régime du président Bachar al-Assad renforçait lundi ses troupes dans la ville rebelle de Homs, cible de bombardements incessants depuis plus de deux semaines alors que, fait rare, deux navires iraniens ont accosté en vue de "former" la marine syrienne.

Dans la "capitale de la révolution", visée par des bombardements pour le 16ème jour consécutif, des renforts de troupes sont arrivés dimanche, faisant craindre aux militants un assaut final contre les quartiers rebelles, notamment Baba Amr, un quartier où selon des militants la situation humanitaire est critique.

"Nous demandons qu'on nous permette de faire sortir les femmes et les enfants de Baba Amr" à nouveau la cible privilégiée de pilonnages, a déclaré à l'AFP Hadi Abdallah, membre de la Commission générale de la révolution syrienne.

"Les habitants vivent dans le froid et dans des conditions insoutenables, ils attendent la mort", a-t-il ajouté alors que plusieurs quartiers sont assiégés à Homs depuis le 4 février par les forces du régime qui veulent y étouffer la contestation.

Cinq civils ont été tués lundi à Baba Amr et un autre dans la région de Hama (centre), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

A Damas, les troupes restaient en état d'alerte, massant notamment des hommes "aux abords de l'ambassade d'Iran, en plus des gardes de l'ambassade", a rapporté Mohammed Chami, porte-parole des "comités" de Damas et sa région. Des rassemblements ont déjà eu lieu devant cette ambassade.

Principal allié du régime dans la région, Téhéran a envoyé deux navires de guerre pour "former" la marine syrienne, a annoncé la chaîne iranienne d'information en continu Irinn.

C'est la deuxième fois que des navires de guerre iraniens pénètrent en Méditerranée depuis la révolution islamique de 1979. Ils sont arrivés dans le port de Tartous via le canal de Suez, contrôlé par les Egyptiens et qu'ils ont traversé samedi.

Dimanche, l'Egypte a rappelé son ambassadeur en Syrie "jusqu'à nouvel ordre", une décision raillée par les manifestants syriens qui soutiennent que l'"Egypte aurait mieux fait de bloquer les navires iraniens plutôt que de renvoyer l'ambassadeur".

Dans le quartier de Mazzé, où les militaires avaient tiré samedi sur "15.000 à 20.000" manifestants, une campagne de perquisitions était en cours, selon M. Chami.

Et "une cinquantaine d'étudiants manifestent pour réclamer la chute du régime, malgré la présence des agents des renseignements", selon Abou Houzaifa, joint à Mazzé par l'AFP.

Pour les militants, ces rassemblements --notamment à Mazzé, qui abrite de nombreux bâtiments gouvernementaux, de sécurité et des ambassades-- changent la donne.

"Après la surprise des manifestations, le régime revoit ses calculs au niveau de la sécurité", a estimé Rami Abdel Rahmane, chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "Le régime ne permettra pas à Damas de se soulever contre lui".

En raison du déploiement des forces de sécurité à Damas, déjà considérée comme une "caserne" et "l'endroit le mieux protégé" du pays, la mobilisation a diminué dimanche, avec quelques rassemblements de collégiens scandant "liberté" et des rideaux baissés dans des quartiers traditionnellement anti-régime.

Mais lundi, des jeunes ont osé hisser le "drapeau de l'indépendance" sur le pont al-Jawzeh, à l'entrée sud de la capitale, selon une vidéo diffusée sur YouTube.

On y voit deux jeunes faisant le signe de la victoire déployer un grand drapeau et deux autres en accrocher à des poteaux électriques, avant que la vidéo ne soit interrompue par des tirs d'origine inconnue.

Mais l'idée d'une intervention militaire pour mettre fin à onze mois de répression, qui ont fait plus de 6.000 morts selon les militants, est rejetée par de nombreux acteurs au sein de la communauté internationale.

Le ministre tunisien des Affaires étrangères, s'exprimant au nom de ses collègues du pourtour méditerranéen, a mis en garde contre un "scénario irakien, appelant à "préserver l'intégrité de la Syrie", tandis que le plus haut gradé de l'armée américaine, le général Martin Dempsey, a jugé "prématuré" d'armer l'opposition et qu'une intervention serait "très difficile".

La Ligue arabe avait décidé le 12 février de fournir un soutien politique et matériel à l'opposition et demander au Conseil de sécurité la formation d'une force conjointe ONU-Arabes, mais ces idées n'ont reçu jusqu'à présent que l'appui verbal des puissances occidentales.

La Chine, qui avec la Russie a bloqué à deux reprises des résolutions de l'ONU condamnant la répression, a même prévenu lundi qu'un soutien occidental aux rebelles syriens pourrait déclencher une guerre civile, selon le Quotidien du peuple, organe officiel du Parti communiste en Chine.

Lundi, les autorités ont libéré deux figures de la contestation: la blogueuse Razan Ghazzaoui arrêtée jeudi et le cinéaste Firas Fayyad, incarcéré depuis novembre, a annoncé à l'AFP l'avocat et défenseur des droits de l'Homme Anouar al-Bounni.
 

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