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Dans le sud-ouest du pays, Abdoulaye Wade tente de séduire les foules

Dans une dernière tournée avant l'élection du 26 février, le président sortant Abdoulaye Wade a fait étape dans la région de Kaolack, fief de l’opposition et berceau des “Y'en a marristes”.

Point d'étape crucial d'une tournée marathon de 22 communes en dix jours, le candidat à un 3e mandat Abdoulaye Wade a fait étape, jeudi, dans la région de Kaolack, dans le sud-ouest du pays. A Nioro d'abord, puis dans la ville de Kaolack. Le processus de campagne est rôdé : griots, marabouts et autres militants qui ont choisi de rallier le Parti démocratique sénégalais (PDS) se succèdent à la tribune, attisant l'enthousiasme d'une foule immense attendant depuis des heures l'arrivée du “Vieux”. Le meeting de Nioro a dévoilé un président confiant : “A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire”, a rappelé Wade.

Dans un département acquis à l'Alliance des forces du progrès du candidat d'opposition  Moustapha Niasse, le président a pressé la foule de voter pour lui dès le premier tour, insistant sur le fait que la région serait alors récompensée: “J'ai besoin d'une forte assise politique. Les communes qui auront le plus voté pour nous seront, évidemment, récompensées.” Dans cette région paysanne, il a promis une aide de 12 500 francs CFA aux agriculteurs et a offert, dans un clin d'œil aux femmes en boubou à son effigie, la parité obligatoire dès les législatives de 2013. Puis, ironique, Wade a cité son ancien opposant, Léopold Sédar Senghor : “On ne confie pas une construction à des démolisseurs”, faisant allusion à l'opposition socialiste dont la candidature constitue, selon lui, “un manque de pudeur”. “Mon prochain mandat fera du Sénégal un pays émergent”, en dépit “des torts que les socialistes ont causé durant quarante ans à ce pays”, a assuré l'homme qui dirige le pays depuis dix ans.

"On ne se nourrit pas de promesses"

L'organisation du convoi présidentiel, composé de policiers, de militaires et d'une milice encagoulée, n'a cependant pu ignorer les jets de pierres et les routes barrées de pneus incendiés qui ont jalonné son parcours. Arrivé à Kaolack, ville proche de la frontière gambienne et berceau des “Y'en a marristes”, le président n'a pris la parole qu'une quinzaine de minutes, malgré l'enthousiasme (hystérique) des militants amassés derrière les filets de sécurité. Les cris de la foule ont couvert des propos similaires au discours du matin. Le président a promis l'édification d'une université à Kaolack, la modernisation du port ainsi qye des infrastructures. Mais au-delà des barrières de sécurité rassemblant les partisans du régime, le mécontentement était palpable. Les victimes de l'incendie qui a ravagé, fin janvier, une partie de l'immense marché de la ville - soit 728 familles privées de revenu depuis près d'un mois - se sont montrées les plus amères. “C'est le rôle de l'Etat de nous aider maintenant, et pas en fonction des résultats de la campagne.”, s'est indigné Cheick Omar Mgom, dont la quincaillerie a été ravagée. “On ne se nourrit pas de promesses !” Comme en écho, de jeunes manifestants sont venus perturber le départ du convoi. Les services de sécurité ont riposté, à balles réelles. L'un des manifestants a été blessé par balle.

Immédiatement, la caravane présidentielle a poursuivi sa route. Le retour à Dakar, où les manifestations du M23 ont pris de l'ampleur vendredi et s'étendent dans d'autres villes, est prévu pour mardi.