
Six mois après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, à Tripoli comme dans le reste du pays les groupes armés qui ont combattu lors du printemps libyen sont encore légion et renâclent à rendre les armes.
Le chemin de la reconstruction s’annonce long et semé d’embûches. Un an après le début de la révolte et six mois après la chute de la capitale Tripoli, les groupes rebelles qui ont fait tomber le régime de Mouammar Kadhafi continuent de patrouiller en armes dans toute la Libye.
Le Conseil national de transition peine à imposer son autorité sur ces formations. Chargé de l’exécutif du pays jusqu’à la tenue des élections législatives en juin 2012, le CNT éprouve toutes les peines du monde à intégrer ces milices dans la société civile.
Pourtant, début janvier, le ministre de l’Intérieur Faouzi Abdelali a annoncé un plan qui prévoit l’intégration de 50 000 combattants dans les forces armées et dans les rangs de la police.
Des ambitions politiques insoupçonnées
A Misrata, qui a abrité un important foyer de contestation pendant la guerre et qui a compté jusqu’à 10 000 combattants révolutionnaires, l’objectif est de ramener à la vie civile quelque 2 400 d’entre eux, d’après la municipalité de la ville.
Ces derniers subissent actuellement une formation en vue d’intégrer la nouvelle police libyenne. Et un guichet supplémentaire a même été ouvert pour en accueillir davantage. "Ils sont tous venus de leur propre gré, assure Mohamed Lachten, officier formateur. Ils sont enthousiastes à l’idée de pouvoir assumer de grandes responsabilités."
Alors que la tenue du scrutin électoral demeure incertaine compte tenu de la situation fragile, les miliciens, encore très présents à Tripoli, font étalage de leurs ambitions politiques. Réputés pour leur "soif d’or", ils conditionnent désormais leur départ de la capitale à l’obtention de postes ministériels et administratifs.
D’après Ezz al-Deen Agila, un expert politique libyen interrogé par FRANCE 24, les ports, les aéroports et divers autres lieux stratégiques sont toujours aux mains de groupes armés. Les rebelles continuent de s’affronter à l’arme lourde en plein cœur de Tripoli. Certains d’entre eux sont même accusés de pratiquer la torture sur des militants pro-kadhafistes, selon plusieurs associations de défense de droits de l’Homme.