La présidente argentine va saisir le Conseil de sécurité et l'ONU sur le différend qui l'oppose aux Britanniques à propos des Malouines. Une militarisation du conflit représenterait, selon elle, un danger pour la sécurité internationale.
AFP - L'Argentine va présenter une plainte formelle devant le Conseil de sécurité et l'Assemblée générale de l'ONU pour dénoncer une nouvelle "militarisation" britannique en cours autour des Malouines, a annoncé mardi la présidente Cristina Kirchner.
"Nous allons présenter une plainte devant le Conseil de sécurité et devant l'Assemblée générale de l'ONU, car cette militarisation représente un grave danger pour la sécurité internationale", a dit Mme Kirchner devant un parterre d'hommes politiques et d'anciens combattants au siège de la présidence.
"Ils sont en train de militariser l'Atlantique Sud une nouvelle fois: nous ne pouvons pas interpréter autrement l'envoi d'un destroyer ultra-moderne accompagnant l'héritier du trône, que nous aurions préféré d'ailleurs voir en tenue civile", a ajouté la présidente.
Le Royaume-Uni vient de dépêcher aux Malouines le prince William et a décidé d'envoyer prochainement un nouveau navire de guerre. Il pourrait dépêcher également, selon la presse britannique, un sous-marin nucléaire.
Une carte des îles frappées du drapeau argentin derrière elle, Mme Kirchner a fait valoir que "les Malouines ont cessé d'être une cause des seuls Argentins pour devenir une cause des Latino-américains, une cause globale".
L'Argentine a obtenu le soutien des pays voisins (Brésil, Uruguay et Chili) pour fermer leurs ports à tous les navires présentant le drapeau des Malouines, une offensive diplomatique qui a provoqué une vive réaction de Londres.
La présidente a confirmé qu'elle allait déclassifier "d'ici 30 jours" le fameux "Rapport Rattenbach" de 1982 sur le rôle des armées argentines pendant la guerre des Malouines, tellement critique qu'il avait été censuré et la version originale était restée secrète.
Autour du siège de la présidence, des centaines de manifestants faisaient flotter des drapeaux. "Les Anglais hors des Malouines !", pouvait-on lire sur une banderole. "Mal-vinas argen-tinas !!" et "Celui qui ne saute pas est un Anglais !", entonnaient-ils.
L'archipel est l'enjeu d'une guerre des mots entre les deux pays à l'approche des 30 ans du conflit anglo-argentin sur la souveraineté des îles (2 avril-14 juin 1982).
Le prince William, 29 ans, deuxième dans l'ordre de succession au trône britannique, a commencé jeudi dernier une mission de pilote de six semaines dans une équipe de surveillance et de sauvetage de la Royal Air Force. Buenos Aires a qualifié sa présence aux Malouines de "provocation".
Les Malouines, situées à l'extrême sud de l'Argentine, sont sous contrôle du Royaume-Uni depuis 1833, lorsqu'une canonnière britannique en a chassé les autorités argentines. Un millier de soldats britanniques y sont déployés.
A Londres, un porte-parole du Foreign Office a déclaré à l'AFP: "Les gens des Falkland (Malouines) sont Britanniques par choix. Ils sont libres de déterminer leur propre avenir et il n'y aura pas de négociations avec l'Argentine sur la souveraineté à moins que la population des îles ne le souhaite".