Alors que les pilotes se mobilisent contre le gouvernement à propos des conditions d'exercice du droit de grève, Air France indique avoir annulé 20% de ses vols prévus tandis que les syndicats avancent le nombre de 50%.
AFP - Retards et annulations en série ont affecté lundi les aéroports français, mais sans provoquer de pagaille, au premier jour d'un conflit dans l'aérien, avec une forte mobilisation des pilotes, déterminés à s'opposer au gouvernement sur les conditions d'exercice du droit de grève.
Air France a indiqué lundi à la mi-journée avoir annulé "à chaud" 20% de ses vols prévus, mais n'a pas voulu préciser le nombre d'annulations effectuées en amont ce week-end.
Selon le SNPL, le taux d'annulations, à la fois préventives et "à chaud", a été de l'ordre de 50%, avec le court et moyen courrier davantage touché.
"C'est difficile à estimer, car il y a des annulations, mais aussi des capacités renforcées sur certains vols et des affrètements d'avions", a indiqué de son côté la direction d'Air France.
Une source aéroportuaire avait indiqué à l'AFP que 126 annulations avaient été programmées dès dimanche soir sur 1.190 mouvements (décollage et atterrissage) prévus lundi à Roissy et Orly.
A Roissy, quelques annulations "à chaud" ont touché des vols vers Genève, Naples, Istanbul et Rio, a constaté une journaliste de l'AFP; easyJet a également annulé cinq départs lundi matin au départ de Roissy-CDG.
A Toulouse, Nantes, Marseille, Montpellier, Nice, Strasbourg, Lille ou Lyon, de très nombreux vols ont été retardés ou annulés, mais sans provoquer de file d'attente ou de pagaille. Parfois, la météo s'est ajoutée à la grève, comme à Lyon, où 4 des 13 annulations étaient imputables à la neige.
Réunissant des personnels au sol (bagagistes, agents de sûreté, agents d'escale), sous-traitants des compagnies, deux manifestations ont eu lieu à Roissy et Orly à l'appel des syndicats d'entreprises telles que Alyzia, WFS, 3S ou Europe Handling.
Selon le SNPL, le taux de grévistes chez les pilotes d'Air France était supérieur à 50% lundi. La direction a indiqué ne pas communiquer de taux de grévistes "lors d'un conflit en cours". Un syndicaliste chez les hôtesses et stewards a indiqué que la mobilisation était "forte chez les pilotes, moyenne ailleurs".
La quasi-totalité des syndicats de l'aérien - pilotes, hôtesses et stewards, personnels au sol, prestataires - avait appelé à se mobiliser de lundi à jeudi contre le texte du député UMP Eric Diard, soutenu par le gouvernement.
Il impose notamment aux grévistes, sous peine de sanction, de se déclarer individuellement 48 heures à l'avance. Chaque gréviste devra aussi dire sa volonté de reprendre le travail 24 heures à l'avance et les compagnies devront communiquer des prévisions de trafic 24 heures en amont.
Le ministre des Transports Thierry Mariani a réaffirmé lundi sa "volonté d'aller jusqu'au bout", après le vote fin janvier en première lecture à l'Assemblée. L'examen au Sénat est prévu le 15 février, avant de revenir devant les députés.
L'objectif est d'instaurer, comme à la SNCF et à la RATP, un "service garanti", qui est en fait un service optimisé en fonction des moyens humains disponibles.
Pour les syndicats, ce texte vise "à limiter le droit de grève" dans un secteur privé et sans monopole comme à la RATP.
Pour le SNPL, "le but du jeu, c'est de faire prendre conscience au gouvernement de la mobilisation et de la nécessité d'amender la proposition de loi", a déclaré son président Yves Deshayes.
Air France a invité ses passagers à différer les voyages prévus du 6 au 9 février et envoyé "22.000 mails ou SMS pour prévenir ses clients d'annulations préventives et de reports lundi".
Cette information en amont, associée à des facilités pour décaler son billet, permet de fluidifier la situation dans les aéroports.
La compagnie fera en soirée des prévisions de trafic pour mardi.