Selon une étude des Nations unies, plus de 3000 civils ont été tués en Afghanistan en 2011, soit une hausse de 8% par rapport à l'année précédente due aux attentats suicide des insurgés et aux raids aériens des forces pro-gouvernementales.
AFP - Un nombre record de civils a été tué en Afghanistan en 2011 avec une hausse spectaculaire des victimes due aux attentats suicide dans le conflit entre forces pro et antigouvernementales, a annoncé samedi la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (Unama).
Au total 3.021 civils ont été tués en 2011 -- une hausse de 8% en un an -- alors que 2010 marquait déjà un pic, avec 2.790 morts. Les pertes civiles augmentent pour la cinquième année consécutive. Depuis 2007, ce sont 11.864 civils qui ont péri dans le conflit.
"Les enfants, les femmes et les hommes afghans continuent d'être tués dans cette guerre dans des proportions toujours plus élevées", a déploré Jan Kubis, le nouveau responsable de l'Unama, qui a appelé les "parties prenantes au conflit" a "largement accroître leurs efforts" pour protéger les civils.
Les insurgés, qui incluent les talibans et d'autres groupes minoritaires hostiles à Kaboul, sont responsables de 77% des pertes, contre 14% pour les forces pro-gouvernementales (afghanes et étrangères), tandis que 9% des victimes ne pouvaient être attribuées à aucun camp, selon l'ONU.
Les mines artisanales placées le long des routes et déclenchées à distance sont les armes favorites des talibans, qui les utilisent de plus en plus. Elles ont tué près de mille de personnes.
Quelque 15% des civils sont décédés des suites d'attentats suicide, dont le nombre n'augmente pas, mais qui ont fait 80% de victimes supplémentaires en 2011 par rapport à l'exercice précédent.
"Peut-on appeler ces attaques +islamiques+ ? Y a-t-il de l'honneur dans le massacre de civils par des mines ou des attentats suicide ? Je demande aux talibans d'arrêter d'utiliser" ces armes, a déclaré M. Kubis.
Le nombre de blessés a aussi augmenté. En 2011, ils étaient 4.507, contre 4.368 en 2010. Environ 185.000 Afghans vivent dans des camps de réfugiés, ce qui représente une augmentation de 45% sur un an.
La répartition géographique des décès imputables au conflit a évolué, d'après l'Unama. "Alors que le conflit s'est atténué dans le sud, il s'est intensifié dans les régions du sud-est, de l'est et du nord, avec comme résultat qu'une proportion croissante des civils afghans a été tuée dans ces zones", selon le rapport.
L'ONU pointe également une augmentation du nombre de décès attribués aux troupes pro-gouvernementales, notamment en raison des bombardements aériens, qui ont tué 187 Afghans en 2011, soit une hausse de 9% par rapport à 2010.
Les opérations nocturnes, extrêmement contestées par le gouvernement, ont fait 63 victimes, en baisse de 22% d'une année sur l'autre.
Ce rapport contraste avec une étude de l'Otan, qui s'est félicité pour son année "remarquablement fructueuse" en Afghanistan.
"Les civils tués par l'Isaf représentent un faible nombre" "par rapport à ceux causés par les talibans", un nombre qui plus est "en diminution de 18% par rapport à 2010", a réagi un porte-parole de l'Isaf, le bras armé de l'Otan en Afghanistan, qualifiant "chaque mort de civil" de "tragédie".
Première force d'opposition, les talibans, chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition menée par les Etats-Unis, poursuivent depuis dix ans une guérilla contre le gouvernement afghan et ses alliés de l'Otan.
Ceux-ci, incapables de défaire les insurgés, malgré 130.000 hommes sur le terrain, et devant un conflit extrêmement coûteux et impopulaire, ont décidé de quitter l'Afghanistan fin 2014. Des discussions ont été entamées avec les forces antigouvernementales, afin de pas laisser un pays en guerre à leur départ.
Début janvier, les talibans ont fait un premier pas vers un éventuel processus de paix en se disant prêts à ouvrir un bureau au Qatar pour discuter avec les Etats-Unis. Peu après, il affirmaient toutefois que, malgré l'"intensification des efforts politiques", le "jihad ne s'arrêterait pas".
Les attaques se sont depuis lors poursuivies à un rythme soutenu.